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1 mars 2021

Un premier roman policier qui est un coup de maître !

Pour terreau de ce 1er roman noir, Gwenaël Bulteau a choisi la ville de Lyon en l’an 1898 et nous plonge dès les premières pages dans une enquête criminelle au cours de laquelle la police va devoir fouiller les ruelles du quartier des Canuts -sur la colline de la Croix-Rousse- afin de retrouver le meurtrier d’un garçonnet retrouvé sans tête.
A crime horrible, réponse rapide : le commissaire Soubielle est à la tête d’une brigade judiciaire qu’il vient de créer de toutes pièces pour rénover la procédure des enquêtes policières. Il sait qu’il lui faut résoudre rapidement l’affaire s’il veut que sa brigade soit pérennisée.
Si le crime est bien le moteur de ce roman, il est aussi un prétexte pour nous relater la vie sociale et intime des enquêteurs ainsi que celle des Lyonnais en cette toute fin du XIXème siècle. Le récit est passionnant et nous transporte dans les quartiers ouvriers et miséreux de la ville au moment où la France entière se passionne pour le procès d’Esterhazy à l’origine de l’affaire Dreyfus, procès suivi d’un acquittement d’Esterhazy qui déclenche l’ire de Zola et son tonitruant « J’accuse ».
Les polémiques politiques entre dreyfusards et anti-dreyfusards mais aussi entre syndicalistes et réactionnaires éclatent partout y compris au sein de la brigade de Soubielle. Bulteau décrit tout ce contexte avec beaucoup de force et de réalisme, notamment les violentes manifestations antisémites suite à la parution de l’article de Zola.
Bulteau peuple son roman de multiples personnages secondaires issus de la petite bourgeoisie et du monde ouvrier et s’attache tout particulièrement aux enfants soumis à une violence sociale et familiale terrible.
La plume de l’auteur est sûre et élégante, la langue sans anachronisme et les dialogues succulents.
Un coup d’essai et un coup de maître !


11 mai 2021

19e siècle, Lyon, policier

Ce roman policier historique m’a plongé en plein 19e siècle à la fois dans les classes populaires besogneuses et dans celle de la nouvelle bourgeoisie qui tente de se hisser au-dessus de son milieu.

Il y a plusieurs policiers, et il faut bien suivre qui s’occupe de quelle affaire : le garçon retrouvé mort ; la famille du dessus étrange ; la petite Esther au joli visage prostituée par ses parents ; le meurtre d’un des policiers qui menait une double vie.

J’ai aimé la toile de fond : l’affaire Dreyfus, ou plutôt l’acquittement d’Esterhazy que tout le monde attend. Et l’auteur nous rend sensible le coup de tonnerre de l’article d’Emile Zola J’accuse.

La guerre contre la Prusse est encore dans toutes les mémoires, et certains anciens combattants l’ont mauvaise.

J’ai eu de la peine pour Marie-Thérèse, la femme de Soubielle qui, voulant aider sa bien étrange voisine, se met en danger.

Un roman sur la place des femmes portant leurs enfants, sur la question de la paternité reconnue ou pas, mais également sur le déni de grossesse.

Un bémol : certaines expressions m’ont paru bien moderne pour un récit se déroulant au 19e siècle.

L’image que je retiendrai :

Celle de Petit Paul, l’un des enfant de la mystérieuse voisine, turbulent mais attachant.




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