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18 mars 2021

Peut-être le meilleur roman de Iain levison !

Iain Levison a le don pour écrire des histoires qui font mouche à chaque fois : son dernier roman qui paraît aujourd’hui , 18 mars 2021, nous le prouve à nouveau.
Les deux personnages sur lesquels il va tout d’abord s’attarder sont deux militaires, Grolsch et Kyle, pas de ceux qui restent au QG ou confortablement installés dans des bureaux, non, ces deux-là sont des snipers et sont envoyés sur le terrain pour abattre des terroristes djihadistes sis en Afghanistan…
Mais non, pas du tout, je divague totalement, le personnage principal est Jim Smith, un retraité qui, pour passer le temps, est chauffeur Uber à ses heures perdues, c’est-à-dire toute la journée. Déjà, c’est louche : un retraité qui pour passer le temps se fait chauffeur de taxi, franchement, y’ a mieux comme activité après 62 ans… Ce gars-là est donc un tantinet spécial car il est en outre ex-trê-me-ment solitaire (je dirais même a-nor-ma-le-ment solitaire). Il vit seul, ne parle à personne (exceptés à ses clients quand il y est obligé), n’a pas d’amis et a oublié qui composait sa famille ; on peut donc le qualifier aisément de misanthrope.
Dans l’histoire de Levison, il y a aussi une fille du nom de Madison, Maddie pour les intimes, née et vivant dans un trou paumé du Texas (Bennett , qui connaît?) : elle, elle arrive très vite sur scène, avant même les deux snipers, c’est vous dire son importance ; la première fois que Levison la fait causer (ou plus exactement la fait causer et boire), c’est avec Kyle, l’un des deux snipers (souvenez-vous, ligne 2 de cette chronique). Haha, ça commence à ressembler à quelque chose, on a enfin un lien entre 2 personnages…
Mais c’est pas fini ! On a encore une autre fille, au charmant prénom de Corina, portoricaine mariée à Grolsch, mais qui habite elle l’appartement en face de celui de Jim, le chauffeur Uber (vous suivez ?).
Je vous passe les personnages secondaires, tous intéressants pour le bon déroulement de notre histoire mais absolument pas pour cette chronique : deux enfants, plusieurs djihadistes (qu’on ne voit qu’à travers la lunette de visée de Grolsch et pour lesquels le lecteur lambda ne développera aucune empathie), des militaires aux grades variés, un épicier, un inspecteur et un autre sniper qui meurt au bout de quelques pages (c’est dur, je sais, mais c’est comme dans la vraie vie : les militaires se font aussi descendre dans les romans).
Tout ce beau petit monde qui s’ignore plus ou moins au début va entrer en collision et ça va faire « boum ».
Levison, on le sait, n’écrit pas pour dire des choses sympathiques et fleuries sur ses concitoyens et sur l’Amérique en général. Il s’attaque dans ce roman à l’armée, à la façon dont les gars sont laminés après quelques années de terrain dans des pays en guerre, revenant alcooliques, paranoïaques, dépressifs, devenant des maris violents et des pères absents et / où indifférents ; il met aussi en lumière le sort qui est fait aux homosexuels au sein de la Grande Muette côté USA et la façon dont les familles sont remerciées quand on ramène (et pas toujours) le corps de l’un d’entre eux à sa veuve… bref, il tape là où ça fait très mal.
Le scénario est construit sur l’image que veulent absolument donner d’eux les personnages (à commencer par Jim) et sur les idées fausses que l’on peut se faire de quelqu’un. Les quiproquos, les jeux de l'amour et du hasard et l’excellente chute sont les clés de voûte de ce roman génial, disons-le, peut-être le meilleur de Levison !



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