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19 septembre 2011

Si je ne dois retenir qu’une seule de mes lectures de cet été, ce sera incontestablement celle-ci. « La veuve » fait partie de ces romans immersifs qui vous emmènent l’espace de quelques heures, au beau milieu d’une autre époque, d’un autre lieu, d’une autre vie.

Celle de Mary Boulton est exaltante, sorte de Jack London au féminin, aventureuse et décidée, elle prend la fuite après avoir tiré sur son mari. De prime abord, le lecteur ne sait rien de ce qui l’a poussé à ce terrible geste, de son passé de femme mariée. A travers sa fugue le long des Rocheuses Canadiennes, Gil Adamson remonte le flot des souvenirs de la jeune femme,de son enfance à son mariage, le drame se dessinant doucement chapitre après chapitre. Passé et présent s’emmêlent pour mieux nous tenir en haleine, la narration se révélant captivante à bien des égards.

Tout d’abord, les décors sont somptueux. L’Ouest sauvage canadien où la nature s’offre à l’état brut, nous plonge dans l’ambiance par sa reconstitution réaliste et descriptive. Dans ces moments-là, la plume de l’auteur devient rapidement poétique et harmonieuse, on a l’impression de respirer l’air pur de la montagne. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si j’ai qualifié Mary tantôt de Jack London au féminin, car il semble clair que l’auteur se soit inspirée des textes de cet incontournable auteur, qui n’avait pas son pareil pour décrire les scènes de nature sauvage et d’aventure.

Et aventure avec un grand A il y a, car non contente de planter son décor avec brio, Gil Adamson ne ménage pas son héroïne qui tout en fuyant, s’arrange pour faire de nouvelles rencontres, tomber amoureuse et devenir une pionnière convaincue. Seule femme dans un monde d’hommes (une mine de charbon), Mary Bolton se révèle débrouillarde et décidée, une héroïne attachante qui va sans cesse de l’avant et ne s’apitoie à aucun moment sur son sort (elle aurait pourtant toutes les raisons). Les conditions de vie pénibles des mines apportent un accent de réalisme au périple de la veuve, l’auteur nous proposant une galerie de personnages plus charismatiques les uns que les autres. Que ce soit le Coureur des crêtes, ou le révérend Borycastle, chaque rencontre chargera notre héroïne, qui s’adaptera à cette vie d’errance. La fin m’a d’ailleurs beaucoup plu, j’ai trouvé qu’elle était très fidèle à l’esprit du personnage, qui décidément, ne s’en laisse pas compter ! Une divine lecture.

En bref, on ne lit pas « La veuve », on le vit. On vit son destin de pionnière et d’aventurière, qui jamais ne se laisse aller. Une héroïne comme je les aime, et que l’on devrait voir plus souvent. C’est un premier roman pour l’auteur Gil Adamson, et c’est un essai plus que réussi.



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