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14 décembre 2022

Une histoire savamment construite et très forte !

On savait Rochette attaché à ses montagnes alpines ; il en fait à nouveau plus que le décor de son nouveau roman graphique, un personnage à part entière.
Édouard Roux, un enfant du Vercors, a été élevé par sa mère dans une cabane de montagne ; quand la Première Guerre mondiale éclate, il est appelé au front et en reviendra défiguré.
Edouard est désormais un homme détruit par ce qu'il a vu et commis, honteux de ses blessures et qui n'ose pas revoir sa mère à cause d'elles. Le hasard va l'emmener jusqu'à Paris pour trouver une jeune sculptrice, Jeanne Sauvage, dont on lui a dit qu'elle arrivait à redonner un visage aux gueules cassées.
Leur rencontre va constituer un tournant dans la vie de Jeanne qui va accepter de suivre Edouard dans ses montagnes natales.
Ces deux personnages sont magnifiques, pleins de passion ; leur rencontre et leur amour va leur permettre de réinventer leur vie et de croire en l'impossible. Mais la haine et la méchanceté des hommes qu' Edouard a déjà dû affronter enfant va s'acharner sur eux...
Le rapport à la nature sauvage, le respect dû aux animaux et leur caractère sacré nimbe tout le récit de Rochette.
Le drame qui court tout au long du récit est intensifié par le dessin au trait épais où le noir domine, épuré de tout détail et si caractéristique de Rochette. Ses planches épousent le scénario lui aussi tendu vers l'essentiel et d'autant plus fort et où la question de la cohabitation de l'homme et de l'animal sur cette planète est au centre du récit.


24 octobre 2022

La BD de l'année !

Un récit poignant et d'une profondeur inouïe ! Un hommage à la nature autour du dernier ours du Vercors, d'Edouard Roux, cabossé de la vie et gueule cassée de 14-18 et de Jeanne Sauvage, sculptrice animalière.
Un magnifique Roman graphique !


3 août 2023

Quand la sauvagerie animale se confronte à la cruauté humaine. Un personnage va tenter de préserver une espèce sur le déclin. Merci Rochette ! - Richard -


6 novembre 2022

Au sommet !

C’est une couverture qui parle aux lecteurs de Rochette: la silhouette d’un animal, une crête, un sommet en arrière plan et ce ciel uniformément bleu, le « Bleu Rochette », celui de Ailefroide ou le Loup. Avec La Dernière Reine, le dessinateur grenoblois élargit son domaine. La montagne est présente, fil conducteur obligatoire mais Rochette fait comme si il osait une première par une face encore non gravie, celle d’un amour entre une femme et un homme. Pour réussir cette ascension il fallait rencontrer une femme, l’histoire d’une femme. Dans la réalité elle s’appelait Jane Poupelet (1874-1932). Dans la BD elle s’appelle Jeanne Sauvage. Elle est sculptrice animalière à Paris. Lui s’appelle Edouard Roux, il est une gueule cassée de 14-18. Elle répare avec des masques les visages des hommes défigurés. Il est un sauvageon du Vercors élevé par sa mère. Il monte à Paris avec son sac sur la tête. Sous ses doigts à elle, le sac devient voile et un visage est retrouvé.
Jeanne va faire découvrir à Edouard le monde de l’art, Edouard va emmener Jeanne dans le Vercors cette région où en 1898 fut tué le dernier ours, la dernière reine, la région d’une forêt primaire, le lieu d’un retour possible à la vie primitive.

L’auteur, contrairement à ses albums précédents, ouvre de multiples portes mais sans jamais perdre le lecteur. La noirceur côtoie le regret d’un monde perdu mais le peintre ne donne pas de leçon morale. Il donne à voir les espaces infiniment beaux et nous amène à réfléchir à notre rapport à la nature.

Rochette n’est pas du genre à minauder, à faire semblant, aussi le croit-on totalement quand il dit que c’est l’écriture du récit et des dialogues qui le passionnent, que son plaisir principal est là, à cet instant de la création et que le passage au dessin est « besogneux », difficile. Obligé de le croire certes mais pas obligé de le suivre. Le dessin de Rochette est au diapason de ses récits et comment pourrait on reléguer au second rang ces pages silencieuses, pas indispensables a priori, qui montrent en quatre cases panoramiques le coucher et le lever du soleil sur les cimes? Le silence, l’absence totale de mots et pourtant l’expression par le dessin, la couleur, d’un moment de grâce indicible.

« Fais de moi un nuage » demande Jeanne à Edouard mais aussi à Rochette, le peintre, qui va s’exécuter pour nous dans des pages sublimes.

A travers l’omniprésence imposante de l’Ourse, Rochette nous ramène aux origines, aux grottes rupestres, à l’animisme quand l’esprit des hommes et des animaux se confondait, quand les forêts n’étaient pas plantées pour faire des planches de cercueils. Dans les face à face nombreux et silencieux ce sont les regards des ours, des cerfs, des aigles qui nous percent, nous dévoilent et nous figent.

Le livre terminé, on a lu d’un trait l’histoire, il nous reste aussi en mémoire les images magnifiques d’un couple uni, mélangé, absorbé dans la glaise d’une sculpture. Texte et images, Rochette réussit ici la fusion de deux expressions qu’il maitrise au plus haut point pour en faire une oeuvre rare.




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