Les librairies Agenda Coups de coeur
9 octobre 2020

Johnny, coiffeur de la jetset de Belém, est mort seul dans son appartement. Le fêtard s’est éteint, apparemment d’une crise cardiaque. Pourtant, l’inspecteur Gilberto Castro est circonspect. En fouillant les lieux, il tombe sur les plus vils secrets du défunt et tend à penser qu’on aurait pu l’aider à mourir d’une façon ou d’une autre. Entre deux bitures carabinées (Gilberto adore la bière), le policier commence ses investigations, interrogeant la bande d’amis de Johnny, personnage haut en couleurs, bisexuel, cocaïnomane. Parmi eux, la sculpturale Selma ne tarde pas à lui tourner la tête et pourrait bien causer sa perte.

Ambiance tropicale, moite et exotique pour un polar qui, comme son nom l’indique, prend place à Belém, capitale de l’État du Parà, à l’embouchure de l’Amazone. Mais Edyr Augusto est loin d’avoir composé un air de samba, frivole et festif. Au contraire, il nous emmène dans le noir, le violent, le sordide. Rien n’échappe à sa plume nerveuse qui décortique cette ville du bout du monde pour laisser voir le vice, la corruption, les trafics en tout genre. Personne n’échappe à son regard acéré sur une société corrompue où l’argent est roi, des starlettes bling-bling aux gradés de la police. À Belém, comme ailleurs, l’argent est roi. Les riches s’en servent pour assouvir leurs perversions, acheter des appuis, les pauvres rêvent de fortune et sont prêts à tout pour rejoindre le sommet. Au milieu de tout cela, Gilberto Castro, grand espoir de ses supérieurs, incarnation d’une nouvelle police, moderne et instruite, se bat contre ses propres démons. Archétype du flic intègre, doué, frondeur mais accro à la bouteille, il va se brûler les ailes dans un monde où le sens de la justice et la persévérance ne suffisent pas pour faire un homme…
Un polar nerveux, violent à l’extrême, écrit avec les tripes par un auteur qui n’a pas peur de dénoncer, de disséquer la pourriture mais sait parfois faire montre de tendresse dans les portraits de ses personnages les plus démunis, les exclus d’une société à deux vitesses.
Excellent !



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