« L’épuisement ne viendra pas à bout de mon envie de partager un moment avec toi. D’ailleurs, nuit froide, midi éclatant ou aube pâteuse, aucune différence dans ce monde éteint. Je dormirai plus tard… » (Extrait de la lettre du 15 avril 2020 de Pierre à Alain)
Dans son allocution télévisée du 16 mars 2020, Emmanuel Macron a répété six fois « nous sommes en guerre ». Un an plus tard exactement, rassemblés par Stéphane Aucante, 37 auteurs de tous horizons et de tous âges ont décidé de prendre le Président au mot et commencé à s’écrire des lettres comme s’ils étaient au front, convoquant ainsi la mémoire des poilus de la Grande Guerre ; au passage, comment peut-on dire d’une guerre qu’elle est grande ?...
Du 16 mars au 3 mai 2021, date du début du (premier ?) déconfinement de l’année, ces 37 soldats de la première, deuxième, troisième ligne — qu’importe, ils ont tous souffert à leur manière — ont échangé 81 lettres en s’inventant des personnages. Par là, ils ont voulu donner une voix, une histoire, un style, un prénom à quelques anonymes parmi les plus de 110.000 victimes et près de 6 millions d’infectés (à ce jour) du Covid en France. A travers ces lettres, ce sont les effets réels, physiques, psychiques, émotionnels, pécuniaires, voire sexuels de la crise sanitaire sur des êtres de chair, le concret de la pandémie caché sous l’abstraction des chiffres, que 37 cœurs et 74 mains ont voulu évoquer et décrire. Avec effroi, colère, espoir et désespoir, avec humour parfois, mais toujours avec sincérité, chacun étant libre du choix des sujets abordés dans ses lettres et ses réponses. Ainsi l’exercice ludique de genre épistolaire s’est-il mué en cahier de doléances, en journal intime choral, qui n’a qu’une ambition : témoigner.
Ce souci du témoignage est au cœur du travail d’auteur de Stéphane Aucante depuis que ses trois années passées dans les Territoires Occupés Palestiniens (de 2015 à 2018) l’ont amené à écrire son premier livre sur la Palestine ; depuis, il y en a eu deux autres. Entre les lignes… conclut une autre trilogie, celle d’écritures collectives en temps de confinements. Elles ont auparavant donné lieu à deux cadavres exquis, Des vies à usage unique en avril-mai 2020 (43 auteurs) et Mauvais Signe en novembre-décembre 2020 (24 auteurs, membres d’une même médiathèque) ; ces deux livres sont également édités chez youStory. La trilogie étant un genre en soi, un quatrième confinement (etc.) ne saurait déclencher de nouvelle aventure…
Les 81 lettres d’ENTRE LES LIGNES, LETTRES DU FRONT COVID ont été imaginées par les 37 auteurs suivants : Marilyne ANSPACH. Annick AUCANTE, régisseuse générale. Lucie AUCANTE, chef de projet événementiel. Stéphane AUCANTE, artiste-auteur. Florence AUCANTE-PARAWAN, consultante en recrutement. Marielle BETTEMBOURG, assistante administrative. Pascale CHAPELLE, ingénieure agronome. Pascale CHATIRON, comédienne. Martine DIRRENBERGER, bibliothécaire à la retraite. Marie-Françoise DURIS. Véronique FROMENT, professeure de français (belge). Quentin GALLOT, agent immobilier. Jacques GRANGE, metteur en scène. Hervé GUICHARD, responsable de service municipal jeunesse. Jean HUBERT, ingénieur du bâtiment. Laurent INISAN, sushiman. Christine JOURNAUX, enseignante. Laurent JOURNAUX, ingénieur agronome. Fabrice LAURENDON, formateur. Agnès LE FLOHIC, secrétaire administrative. Sandrine LOUREIRO, adjointe du patrimoine. Vincent LUCAS, chef-cuisinier. Gisèle MARCHAND, professeure d’anglais à la retraite. Martine MIRON-COFFRE, assistante-comptable à la retraite. Valérie MODICA, aide médico-psychologique. Sélène MOONFIELD, rêveuse en cdi. Eric PARAWAN, responsable service clients. Vanina PORNIN, aide à domicile. Valérie PROT, enseignante. Camille RANCIERE, musicien. Thomas RICHARDOT, déménageur. Charlotte SAHAKIAN, testeur assurance qualité de la localisation. Patricia SOLOT ICER, réalisatrice. Erica SOUTTRE, restauratrice. Marc TERRISSE, artiste-auteur. Gérard TOUCHET, retraité de la Fonction Publique d’Etat. Camille VANNIER, directrice de projets touristiques.