Les librairies Agenda Coups de coeur
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Informations
EAN13
2000037251572
Éditeur
Grasset
Date de publication
Nombre de pages
302
Dimensions
118 cm
Poids
200 g
Langue
français

souvenirs d'un academicien sur la revolution le premier empire et la restauration

brifaut ch

Grasset

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Vendu par Librairie - Papeterie Lambert
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Présentation

ACTE PREMIER?>Le bureau de M. de Virelade, dans une grande maison de campagne. On voit de la verdure par les fenêtres. C'est le milieu d'une après-midi de printemps. Marianne de Virelade entre, suivie par son amie Rose, hésitante.?>SCÈNE PREMIÈRE?>ROSE, MARIANNE?>ROSE
Non, Marianne, tu sais bien qu'il est défendu d'entrer dans le cabinet de ton père...
MARIANNE
Je déteste cette pièce, et pourtant j'y resterais des heures... ROSE
Si ton père arrivait tout à coup! Je t'en prie, Marianne, viens.
MARIANNE
N'aie pas peur : il reste à Bordeaux le plus tard possible... Et comme son vieux chauffeur met deux heures pour faire les soixante kilomètres qui nous séparent de la ville... tu vois que nous avons tout le temps...
ROSE
Oui, mais quand c'est ton père qui conduit, il va à des vitesses folles.
MARIANNE
Autrefois peut-être... C'est bien rare aujourd'hui qu'il prenne le volant.
ROSE
Pourquoi cela? Il n'est pas si vieux!
MARIANNE
Parce qu'il n'est plus en état... Oh! bien sûr, autant qu'il ait bu, il sait à peu près se tenir... ROSE, scandalisée.
Marianne! Comment oses-tu!
MARIANNE
Cela m'amuse de te faire rougir. Voilà, mademoiselle, ce qu'il faut entendre quand on accepte de fréquenter la petite Virelade!
ROSE
Tu sais bien qu'Élisabeth ne veut pas que nous parlions de ces choses.
MARIANNE
Et s'il me plaît à moi d'en parler! Je n'ai pas d'ordre à recevoir de ma sœur.
ROSE, avec reproche.
Oh! Marianne! c'est mal! Une sœur qui t'a élevée, qui a été ta vraie mère, qui est ton aînée de dix ans!
MARIANNE
De treize ans, tu veux dire : j'en ai dix-sept et Élisabeth touche à la trentaine sans en avoir l'air. ROSE
Pour cela non, elle n'en a pas l'air... J'ignore si c'est son regard ou son sourire qui lui donnent cette expression enfantine...
MARIANNE
Parce que tu ne la vois pas le matin au réveil... Quelle horreur d'avoir trente ans! Moi, quand j'aurai trente ans, je me tuerai.
ROSE
Pourquoi fais-tu la méchante?
MARIANNE
Je ne fais pas la méchante... Je suis méchante.
ROSE
Si tu l'étais, tu ne saurais pas que tu l'es.
MARIANNE
D'ailleurs, au fond, comme vous tous ici, comme papa, comme ton frère Alain, comme les domestiques, j'adore Élisabeth... ROSE
Crois-tu que j'en aie jamais douté?
MARIANNE
Je l'adore, oui, mais sa perfection m'accable.
ROSE
Tu exagères cette perfection! Élisabeth est plus humaine que tu ne crois, elle a ses faiblesses, je t'assure! Et même je lui en connais qu'elle n'ose pas t'avouer... Hier encore, elle me confiait...
MARIANNE, avec irritation.
Non et non! C'est assez comme cela! Ne parlons plus d'Élisabeth. Rappelle-toi ce que tu m'as promis : tu es venue pour moi, aujourd'hui, pour moi toute seule.
ROSE
Que tu es compliquée, Marianne! Qu'il est difficile de vivre avec toi! MARIANNE
Avoue-le, ce n'est pas moi que tu aimes, c'est Élisabeth.
ROSE
Mais je t'aime aussi, Marianne!
MARIANNE
Ah! vraiment? Tu m'aimes aussi? Sens-tu ce que cet «aussi » a d'horrible?
ROSE, l'attirant à elle.
Non, je ne le sens pas le moins du monde... Tu te rappelles, au lycée, quand Mlle Gaudherot t'appelait : « Marianne, petite fille insatiable... »?
MARIANNE
Oui, elle disait aussi que j'avais une vocation de souffrance... Moi qui n'aime que le bonheur! Embrasse-moi encore... Ah! Rose, c'est vrai que je souffre!
ROSE
Est-ce qu'on souffre à notre âge? De quoi peut-on souffrir? MARIANNE
Moi, je souffre... Oh! des cigarettes! et des douces, celles que papa déteste, mais qu'il offre aux dames... parce que tu sais, quelquefois, il reçoit des dames ici...
ROSE
Comment! Il reçoit des dames?
MARIANNE
Bien sûr que nous le gênons! Surtout Élisabeth! Mais sa vieille amie, Mme Salvator, est terriblement jalouse, tu comprends? A Bordeaux, elle le fait surveiller... Alors il n'est tranquille qu'ici!
ROSE
Écoute, si tu commences à me raconter des horreurs, je m'en irai.
MARIANNE
Je pense à tout ce qui a dû se passer dans cette pièce... Crois-tu que les murs se souviennent de ce qu'ils ont vu? ROSE
Tu parles à tort et à travers!
MARIANNE
Ah! Rose, je voudrais que tu m'aimes! Mais c'est impossible... Tu ne comprends rien aux choses que je te dis!
ROSE
Parce qu'elles n'ont ni queue ni tête! Écoute, Marianne, le temps passe et il faut absolument que je te parle d'Élisabeth.
MARIANNE
Encore Élisabeth! Eh bien! figure-toi que, moi aussi, je brûle de te confier un secret à propos d'elle...
ROSE
Un secret?
MARIANNE
Oui, écoute : ce n'est pas vrai qu'Élisabeth soit une perfection : j'en possède la preuve. ROSE
Je devine ce que tu vas me raconter...
MARIANNE
Tu ne peux le deviner... puisque je te dis que c'est un secret et que je suis seule à le connaître! Mais je veux le partager avec toi, parce que tu es mon amie... Eh bien! voilà : Élisabeth a fait quelque chose de mal, de très mal.

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