Sandra Vanbremeersch a été pendant près de 20 ans au service de Lucette Destouches, ancienne danseuse et veuve de Louis-Ferdinand Céline, décédée à l’âge de 107 ans.
Elle romance cette période à Meudon relatant son immersion dans ce « mausolée » où transpire l’âme de l’écrivain à travers le mobilier, les photos, les animaux, les textes, les odeurs. Elle décrit les visiteurs, nombreux, attirés ou fascinés par le mythe.
Mais surtout, elle confie au lecteur l’histoire d’une femme vieillissante, d’un corps qui rétrécit inéluctablement, d’un empire qui s’effiloche, d’une mémoire qui disparaît…. Dans une maison si riche autrefois, devenu prison et menaçant d’un grand silence.

Le récit est clairvoyant, hardi, pittoresque, et laisse poindre une certaine tendresse pour cette veuve impérieuse, seule et fragile.

Note : 4
Titre : Ours, puma, biche,

Le père et la fille, fusionnels, seuls survivants en pleine nature, l’histoire n’en dit pas plus. C’est le récit de leur quotidien au fil des années, comment le père enseigne à sa fille la vie et la survie au milieu des arbres.
Quand le père meurt, elle témoigne d’une grande détermination à poursuivre seule et l’ours prend le relais, la guide vers une fin attendrissante.

Ovni littéraire intemporel, mélangeant fiction et fable, hymne bucolique et anticipation, peut-être un huis clos initiatique où l’humain se réconcilie avec la nature….

Style contemplatif rendant la nature majestueuse et la faune poétique.

Roman surprenant faisant voyager le lecteur dans le temps et l’espace. L’axe principal est l’assassinat de Jean Jaurès autour duquel gravitent les témoignages de Raoul Villain, volontaire engagé pour combattre, et de ceux qui l’ont côtoyé.
Ariane s’engage dans la lutte armée en 1978 et rompt l’équilibre familial, Florentin travers trois guerres avec quelques zones d’ombre, Encarnacion, étouffée par sa sœur, se libère à sa façon, un cul-de-jatte sans main fait la manche de l’autre, etc.
Autant de vies entrelacées dont les témoignages réels ou fictifs complètent l’histoire ponctuée d’enterrements et d’assassinats.
Il est question de soldats, d’héroïsme ou de fuite, d’amours, de la mémoire des hommes et des répercussions de leurs actes sur l’Histoire…
L’acceptation par le lecteur de la polyphonie et de la complexité de la construction du récit est récompensée par une belle écriture et un sujet bien mené.

Virginie, à la veille de la guerre de Sécession.
C’est l’histoire d’un jeune esclave, Hiram Walker, fils naturel d’une esclave revendue et de son propriétaire terrien. Séparé de sa mère à l’âge de 5 ans, il a perdu ces souvenirs. C’est un enfant doué, possédant une mémoire prodigieuse et un don lié à l’eau « la conduction » qu’il va apprivoiser peu à peu.
Sa fuite vers la liberté pour échapper à sa condition d’esclave, l’organisation de la communauté noire pour un bonheur éphémère, le pouvoir des blancs font de ce récit un roman historique, politique et d’aventure, agrémenté d’une touche fantastique.

Texte singulier, documenté, imaginatif, romanesque ; de construction sophistiquée.

Récit autobiographique intimiste où K. Harchi raconte ses parents et son vécu de fille d’immigrés marocains.
Fille d’un travailleur malheureux, collégienne différente, elle confie la difficulté de vivre la différence ou le rejet quand on est jeune ; la nécessité de se lier d’amitié salvatrice avec une âme sœur. Elle décrit le chagrin et la rage sourde face à l’agression raciste, son cœur bafoué d’adolescente.
Puis vient la découverte de la sociologie, l’éveil de sa conscience à la politique et de son désir d’écrire.

Il y a de la beauté et de la pudeur dans sa plume à décrire une violence indécente s’immisçant dans leurs vies pour mieux les dépouiller. Ce récit est aussi un hymne à l’amour de ses parents et au lien fusionnel tissé avec sa mère.