Première rencontre avec Valérie Tong Cuong pour Un tesson d’éternité qui dresse le portrait complexe et meurtri d’une femme moderne à la quarantaine brillante. Son passé qu’elle a tellement tenté d’oublier, et de faire oublier, va remonter décuplé de violence lors de l’arrestation de son fils.
Anna Gauthier est une pharmacienne installée dans le Village. Elle est mariée à Hubert, journaliste de formation, chargé du département culturel de la ville. Sa villa surplombe la mer. Ils ont un fils, Léo, en classe terminale, qui leur a aussi permis par ses loisirs d’avoir leur place dans la communauté des décideurs.
D’ailleurs comme une prémonition, un reportage sur le vol d’un fond de teint dans la pharmacie, avait permis, grâce à la perspicacité d’Anna, de faire un reportage sur le comportement violent de la femme responsable.
Ce qui va faire basculer cette famille à l’apparence idéale est l’arrestation de Léo ! Celui-ci a carrément tabassé un policier dans la manifestation de l’après-midi ! Certes, l’officier avait commencé en s’attaquant à une jeune fille, amie de Léo.
Depuis, les chaînes d’infos sont en boucle ! Tout le monde y va de son commentaires repris en boucle sur les réseaux sociaux. Anne et Hubert découvre un monde insoupçonné où il faut obéir sans discuter. Le temps s’allonge dans une dimension irréaliste. Après l’arrestation, la prison devient préventive.
Pour Anna, cette épreuve l’amène à soutenir contre vents et marées ce fils qu’elle aime tant ! Mais, à travers lui, c’est son propre passé qu’elle essaye de maîtriser, de contenir pour ne pas revenir à la victime qu’elle était durant son enfance !
Difficile d’en dire plus sans dévoiler l’intrigue écrite de façon froide et même glaçante, qui va entraîner implacablement Anna a tombé le masque. A travers ce tesson ancré à jamais dans le corps de son personnage, Valérie Tong Cuong montre qu’il est impossible d’oublier son passé ou de faire comme si il n’avait pas existé.
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Avec Le fils de l’homme, Jean-Baptiste Del Amo propose une fable moderne sur la nature ancestrale de l’humain qui au fil de l’histoire élimine les extrêmes pour ne garder que ceux capables d’assumer la perpétuation de l’espèce.
Pas souhaité le lire dès sa parution, à cause du déterminisme que je pressentais, contraire à mes convictions ! Mais, le Prix Fnac lui est remis. Alors, le courage au bord des yeux, j’ai commencé à lire et je l’ai dévoré presque d’une traite.
« Et la rage des pères revivra chez les fils à chaque génération » Sénèque-Incipit du roman
Jean-Baptiste Del Amo propose, en une dizaine de pages, un prologue de scènes de survie des hommes primitifs confrontés aux éléments naturels et aux combats pour la vie comme une invite à comprendre le cheminement du monde.
Un couple, et un enfant assis à l’arrière, sont en route. Le voyage est long jusqu’à la maison isolée, les Roches, en pleine forêt loin des hameaux. Le 4×4 doit être abandonné bien avant l’arrivée car un tronc d’arbre se trouve en travers de la route. Il faut finir à pieds. Puis, la maison au confort spartiate, se découvre. Là, il faudra vivre quelques jours, un été, plus peut-être ..
Au fur et à mesure, grâce à des retours en arrière, l’histoire de cette famille se découvre. Les trois personnages principaux n’ont pas de prénom ! La « Mère » est à peine majeure lorsqu’elle apprend qu’elle est enceinte. Pourtant, très vite, elle assume seule, avec chaleur et amour cet enfant, peut-être de façon trop fusionnelle. Mais qu’importe, elle sait le protéger lorsqu’il en a besoin et il sait la soulager lorsqu’elle a ses migraines invalidantes. Le « Fils » a 9 ans et redécouvre le « Père » dont il conserve quelques souvenirs embrumés. Il était si petit ! Car la présence du Père, revenu au domicile après une très longue absence, redéfinit, par sa présence, l’équilibre fragile et simple que la Mère avait créé avec son fils.
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Saint Phalle Monter en enfance n’est pas une biographie comme les autres car Gwenaëlle Aubry procède à l’analyse de sa dernière œuvre, en révèle les liens, les perspectives avec son histoire intime, sa personnalité et ses révoltes.
Gwenaëlle Aubry arpente Le Jardin des Tarots pendant sept jours à la recherche de la petite fille, Marie-Agnès, un des véritables prénoms de Niki de Saint Phalle. Cette enfant est marquée par la violence, les conventions et les exigences, notamment de son milieu social, mais aussi de la quête de liberté et de provocation qu’elle a su poursuivre pour affirmer son indépendance.
Le jardin des Tarots situé en Toscane, il est l’incarnation du rêve de l’artiste depuis sa jeunesse. En effet, avec son premier mari, Harry Williams, Niki de saint Phalle avait visité l’Europe. Elle était tombée en extase dans le Parc Güell de Gaudi à Barcelone. Elle en avait même ramené la technique de Trencadis associée à la peinture projetée.
Décrite comme une matrice, ce jardin ésotérique s’inspire des vingt-huit figures du Tarot divinatoire. Il est constitué d’immenses sculptures de mosaïque. Elles représentent tour à tour des formes qui font la synthèse de son désir de création, de ses préoccupations de femme, de son histoire et de ses révoltes.
Conçu pour être un lieu où les enfants s’amusent, y éclatent de rire, affolés par ces géants si fragiles qui scintillent au soleil. Ils rappellent les contes et légendes qui font tellement peur qu’on en éclate de rire pour la conjurer. De cette enfance, Gwenaëlle Aubry affirme « sans doute sait-elle que ce ne sont pas les monstres qui pourchassent les enfants, mais que l’enfance est elle-même le monstre auquel on tente, sa vie entière, d’échapper. »!
Ce jardin se découvre par un sentier courant de formes en formes. Gwenaëlle Aubry les décrit, les relie pour en découvrir les détails associant les différents écrits personnels de l’artiste, les événements de sa vie mais aussi ses performances et autres installations. Comme une toile d’araignée, l’écrivaine replace le tout dans l’ensemble de son œuvre détaillant les influences. L’expérience Dada n’est pas des moindres ( » que chaque homme crie ; il y a un grand travail destructif, négatif à accomplir. Balayer, nettoyer »). Elle y ajoute le Facteur Cheval, l’ami Marcel Duchamp mais aussi Bosch et le Douanier Rousseau.
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Justine Lévy choisit pour raconter Antonin Artaud dans son roman Son fils paru pour la rentrée littéraire 2021 les vingt dernières années de sa vie mais du point de vue de sa mère, beaucoup décriée pour son amour hyper possessif devenu complétement invalidant au fil des ans.
Antonin Artaud (1896-1948) fut un poète, romancier, dessinateur, théoricien de théâtre et même acteur de talent à la carrière bouleversée par des troubles psychiques importants qui l’ont conduit à des hospitalisations successives bouleversant ainsi sa création artistique, pouvant la rendre incompréhensible mais adulée par les surréalistes et les dadaïstes.
Sa mère. Elle l’a élevé. Elle lui a même fourni les drogues pour apaiser son mal de tête et ses douleurs corporelles. Mais voilà, il en est devenu accro. De toutes façons, elle seule sait ce qui convient à son Nanaqui ! Reconnu pour ses écrits qui bouleversent la conception du théâtre, il brûle sa vie. Et après avoir été chercher le mystère des indiens au Mexique et le secret de la canne de Saint Patrick en Irlande, il est enfermé pour troubles à l’ordre publique et violences pour lui-même et envers autrui.
Depuis, elle n’a de cesse de le chercher. Pour conjurer sa peine, elle écrit chaque jour son journal. C’est ce récit imaginaire mais parfaitement documenté que livre Justine Lévy avec Son fils.
Son propos devient litanie. Mais lorsqu’elle le retrouve au hasard de ses recherches en clodo entrain de faire la manche, elle ne peut que s’en détourner ! Le lendemain, honteuse, elle revient mais il n’est plus à la même place. C’est là qu’on lui apprend qu’il est interné. Elle essaye de le visite. Il refuse. Elle ne cesse de se confier à son journal jusqu’à la mort de son Nanaqui.
Justine Lévy ausculte cette relation particulière connue comme toxique. Pourtant au début, le lecteur se prend d’empathie pour cette femme seule qui recherche son enfant. Elle était sûre avec son coeur de son talent, sans en comprendre la portée. Il y a bien ses réactions exagérées envers les « gueuzes » que son fils a fréquentées et qui ont du lui apporter la syphilis, ce qui explique, pour elle, son comportement. Il y a aussi ses excès de possession qui étouffent cet homme de plus de quarante ans. Mais, voilà, une mère est une mère ! Le talent de Justine Lévy s’exprime pleinement dans cette ambivalence.
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2021 est une année de commémoration pour Georges Brassens et Maryline Martin fait revivre le chanteur à partir des femmes qui l’ont soutenu, fait confiance, entouré pour qu’il devienne le poète et le chanteur que nous aimons toujours.
Jeanne-Marie Le Bonniec est le premier amour de Georges Brassens. Elle fait découvrir, à son homme du sud, le village où elle est née, Lanvollon . Et, c’est là, au cœur de cette Bretagne sauvage, à Lézardieux précisément que Maryline Martin décide de raconter le mois d’août 1981.
La maladie prend de plus en plus de place. Et, cet été sera le dernier ! Pourtant, il est à l’image de tous les autres. Ses fidèles y veillent ! Alors, le temps passe tranquillement à peaufiner jusqu’à la perfection ses textes et leur musique. La virée avec les copains au bistrot du coin permet de retrouver une certaine insouciance et d’oublier l’impensable. C’est aussi le moment pour chacun de décliner pour eux-mêmes les souvenirs d’une rencontre hors norme consacrée presque entièrement à la poésie. Les événements qu’ils l’ont construit se racontent autour des femmes qu’il a aimé passionnément et qui l’ont choisis.
Son père, maçon, et sa mère, lingère, dans une ville qui s’écrivait encore Sette, Maryline Martin en parle peu. Son récit commence vraiment lors de sa venue à Paris pour échapper aux mauvaises fréquentations qui lui ont fait connaître la police avec ce vol de bijoux.
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