Les librairies Agenda Coups de coeur
17 août 2011

Quand j’ai commencé ce livre, je l’ai lu jusqu’à la dernière page en une journée. Dans ce nouveau livre, Delphine de Vigan nous parle de sa mère Lucille. Un livre dont j’ai porté l’histoire durant plusieurs jours.
Lucille, la mère Delphine de Vigan s’est suicidée à l’âge de soixante et un an, en 2008. La nécessité d’écrire sur sa mère s’est imposée d’elle- même. Un sujet « casse-gueule » comme le dit l’auteure. Car écrire sur soi, sur sa famille c’est s’exposer publiquement. Même si deux de ses précédents romans était basés sur son expérience personnelle, ici, elle écrit ouvertement. En toute sobriété et tout en sensibilité.

Pour écrire sur sa mère, elle a passé des heures à écouter son oncle, ses tantes, récolter leurs souvenirs et leurs témoignages. Elle déroule la vie de Lucille en commençant par celle de ses grands-parents. Lucille née en 1946 était la troisième enfant d’une fratrie de neuf enfants. Une famille avec ses moments de bonheur et ses drames. Lucille sera marquée à tout jamais par la mort accidentelle d’un de ses frères, puis le suicide de deux autres. Lucille, le belle Lucille, une enfant renfermée puis une adolescente qui cherchera la liberté. Fuir ses parents pour accéder à l'indépendance. Des parents dont les attitudes surtout celles du père seront sujet à bien des questionnements. Et puis, la maladie qui se déclare. Une maladie mentale qui la fait commettre des actes insensés. Elle sera internée, suivie en hôpital psychiatrique. Delphine de Vigan explore la mémoire familiale, cherche à comprendre si la maladie couvait déjà en Lucille.

Sans pathos, Delphine de Vigan nous livre la vie de Lucille et la sienne. Comment elle s‘est retrouvée adolescente à devoir anticiper les rechutes de sa mère. A gérer le quotidien. Puis adulte, à être aux aguets. En parallèle, elle raconte la genèse de ce livre, la peur de s’y mettre ou de fausser l’image de sa mère. L’histoire d’une famille avec des drames, des sujets douloureux, sensibles. Ce livre m’a fait penser à ma propre famille, aux kyrielles de suicides, de maladies et de dépressions. A ce lourd héritage que l’on porte malgré soi et aux questions qui nous effleurent quand on regarde ses enfants.

Le terme de coup de cœur ne peut pas s’employer, ce serait un euphémisme. Un livre tout simplement magnifique. Sobre, sensible et tout en pudeur. J’ai vibré, j’ai été émue, j’ai pleuré... Delphine de Vigan rend à sa mère le plus bel hommage qu’il existe.



Vos libraires s'associent pour vous parler du livre AUTREMENT