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14 octobre 2011

Un roman bouleversant!

Dans cet ouvrage qui se situe entre roman et autobiographie, Delphine De Vigan raconte sa famille et plus particulièrement sa mère, et cherche à comprendre sa personnalité obscure, ses souffrances et les causes de sa chute dans la folie.

Plusieurs parties forment le récit, à travers trois époques différentes :
La première partie met en scène la mère de l’auteure, Lucile, lorsqu’elle est enfant. Le récit se fait grâce à des témoignages de la famille, et des cassettes que Georges, ce père aimant et tyrannique a laissées, et dans lesquelles il confie des passages de sa vie.
La deuxième partie nous raconte Lucile jeune femme. Le récit est alors mêlé de témoignages toujours mais également de souvenirs de l’auteure alors qu’elle était enfant.

La dernière partie concerne Lucile en tant que grand-mère et ses dernières années.

Le travail de l’auteure est énorme et ressemble parfois à une enquête. Elle questionne, déterre des souvenirs souvent douloureux, retrouve des écrits, confronte les différentes versions d’une même histoire…
Et tout ça, en plus de la souffrance que cela lui impose, lui fait se poser des questions sur l’héritage familial :
Quelle est la part d'obscurité que sa mère leur a légué, à elle et sa sœur ?
De quelle manière le passé joue sur notre personnalité?

et sur l’écriture :

Quelle est la part de vérité et de subjectivité dans ce qu'elle écrit, dans ce que lui raconte ses oncles et tantes?
A-t-elle le droit de mettre sa mère et sa famille en scène?
Quelles en seront les conséquences?
Quelle est la limite dans l’écriture, entre le réel et la fiction ?
"Je n'avais que des morceaux épars et le fait même de les ordonner constituait déjà une fiction."

J’ai eu beaucoup de mal à écrire mon avis tellement ce livre m’a bouleversée…
L’écriture est juste, sobre et d’une puissance incroyable.
La nostalgie, la souffrance et la mort imprègnent le récit et à travers les zones d’ombre et les non-dits, nous découvrons ce besoin sauvage qu’a l’auteure de comprendre pourquoi sa mère était tellement en souffrance et comment une famille apparemment unie et heureuse peut cacher en elle les racines d’un mal qui mène à la folie, des démons qui détruisent une vie…
Cela fait une semaine que je l’ai terminé et il me hante… Je ne cesse de regarder sa couverture, cette femme très belle et très sombre, dominée par une souffrance que l’on ne peut lui enlever …
Il en faut du courage pour écrire un tel livre… Il transpire l’incompréhension, la souffrance et l’amour… Il m’a assommée, bouleversée…
C’est un bel hommage que Delphine De Vigan rend à sa mère…

« Car au fond je sais que Lucile est toujours restée suspendue au-dessus du vide et ne l’a jamais quitté des yeux. »

« … il me semble que Lucile n’a rienaimé tant que boire, fumer et s’abîmer. »



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