Gabriela Wiener, dont c'est le premier livre traduit en France, est une écrivaine, journaliste et essayiste péruvienne, déjà bien connue en Espagne, où elle réside depuis une dizaine d'années.
À la fois descendante d'un Européen, Charles Wiener, et d'Améridiens (cholos, comme on dit avec mépris au Pérou), Gabriela Wiener a grandi entre deux identités : celle de l'aïeul blanc au savoir prestigieux très valorisé au sein de sa famille (même si ce savoir masque des choses plus troubles) ; de l'autre celle de la famille maternelle, issue de la petite classe moyenne indienne, ayant intégré les normes racistes de la société péruvienne.
Comment s'aimer quand, petite fille, on a subi le regard dégradant des autres ? Quand la grand-mère maternelle s'adresse à son gendre avec « un respect excessif et immérité » (il est blanc) ? Quand l'aïeul Charles a pillé ou « récupéré » des artefacts précolombiens offerts aux musées les plus prestigieux ? Quand son propre père mène une double vie, à peine dissimulée ?
La narratrice ne cache rien de ses sentiments mêlés, de ses doutes, de sa rage face à la violence dont elle hérite au sein de son propre corps. Fragile et puissante à la fois, elle tente de s'extraire d'un passé colonial douloureux, et d'une lignée paternelle qui a fait la part (trop) belle à l'Européen venu et reparti sans savoir qu'il avait fait souche au Pérou. Se reconnaissant dans les masques huacos exposés dans les vitrines des musées, ou s'identifiant à l'enfant indigène exposé dans les zoos humains, Gabriela Wiener nous rappelle avec force ce que fut la conquête des Amériques et le chemin qu'il reste à faire pour décoloniser les esprits.
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