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28 août 2012

Capitaine courageuse - Mercredi 1er août 2012 à 23h23

Impersonnel, le titre de cet ouvrage claque comme drapeau au vent. Plus que le titre ou le nom de l’auteur, qui m’était jusqu’alors inconnu, j’ai choisi de faire confiance à la maison d’édition — Métailié — dont la bibliothèque latino-américaine ne m’a jamais déçue. Un pari réussi.

À partir des carnets de sa compatriote Mika, Micaela Feldman de Etchebéhère, l’écrivaine argentine Elsa Osorio a mené pendant presque 25 ans une (en)quête exigeante pour remonter la piste de son héroïne et combler les lacunes de sa biographie, assemblant patiemment les pièces du puzzle jusqu’à ce que le visage de celle-ci surgisse du passé.

Car la vie de Mika, antifasciste convaincue, se confond avec le début du XXè siècle. Ce n’est pas un hasard si on la retrouve dans le Berlin des années 30 confronté à la montée du nazisme ou à Madrid peu de temps avant le coup d’état militaire de juillet 1936. Mika veut être là ou l’histoire convulse, là ou les idées de justice, d’égalité et de liberté prennent corps. Dans des circonstances tragiques où se mêle lutte idéologique et combat contre la maladie qui ronge son mari — « Hipo » l’amour de sa vie — Mika se retrouve à la tête d’une milice du POUM, le Parti Ouvrier d’Unification Marxiste.

Elle qui ne sait rien des armes ni des techniques de guérilla, cette femme, cette étrangère, va devenir, par son charisme, son courage et son altruisme, « la Capitana ». Une capitaine courageuse, respectée de tous. Un « sacré mec », dira d’elle l’un de ses miliciens. « Ce que les miliciens ne sont peut-être pas capables de penser, c’est que justement parce qu’elle est une femme, elle ne commande pas comme un homme, arme à la main, autoritaire. (…) Elle, non seulement ils lui obéissent mais ils l’aiment, conclut-elle, et cela lui fait plaisir, qu’importe si pour se justifier ils doivent dire que Mika est un sacré mec ou qu’elle a des couilles » (p. 238).

« Anarchiste, communiste, trotskyste, opposante de gauche au stalinisme, membre du groupe Que faire ?, du POUM ? Toutes ces classifications, et aucune en définitive, pourraient aller à Mika », écrit Elsa Osorio dans sa postface (p. 325). Celles-là et bien d’autres comme femme amoureuse, femme libre, femme de conviction, femme de tête, une « sacrée femme », sortie de l’oubli par la force des mots.



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