Les librairies Agenda Coups de coeur
2 mars 2016

Qui a tué qui ?

La première partie raconte comment Claire veut séduire avec une fausse identité un homme qu'elle n'a jamais rencontré que sur Facebook. On y interroge le réel et la fiction mais aussi la place de la femme dans l'imaginaire masculin. La deuxième partie est le roman écrit par Claire durant son hospitalisation en HP. Roman lu et interprété par son psychiatre qui devient peu à peu acteur du roman. Je ne raconterai pas la suite, ce serait malhonnête de vous priver de ce plaisir, et plaisir il y a à décrire le désir.

J'hésite entre dire que c'est une réussite qui m'a, à certains endroits, complètement bluffée (j'ai même recopié quelques passages) et dire que tout cela n'est que coquetterie. Ou même érudition, volonté de mêler poésie, théâtre et citations lacaniennes. C’est assez vite agaçant.

Réellement, le sujet est d’actualité (les méandres trompeurs de la toile), la cruauté est réelle (comment rester jeune à tout prix pour plaire), l’amour est meurtrier (notamment s’il y a mauvais usage). C’est en fait l’histoire d’une femme qui veut manipuler et qui tombe dans son propre piège, les liaisons dangereuses à l’heure d’Internet et des amours virtuels. Cela dit, à moins qu’il s’agisse d’une expérience personnelle mal vécue, je ne comprends pas pourquoi Camille Laurens s’accroche à cette frontière des 50 ans comme s’il s’agissait de la fin de tout, en termes de séduction, de sexe ou d’énergie !

Certes, ce récit intimiste à la limite de l’impudique est un beau texte de femme qui réclame son droit au plaisir et refuse d’accepter que l’âge lui interdise cet accès. Plaidoyer essentiel s’il en faut, requiem pour un corps abandonné par l’homme, cri d’alarme d’une femme trompée par un homme immature et égoïste. C’est aussi un suspense psychologique, avec des allers-retours, comme dans un polar, pour répondre à la question « qui a tué qui ? » …

En résumé, je dirais que Camille Laurens écrit bien et qu’elle sait utiliser le verbe pour séduire son lecteur, ce qui explique l’envie de relire et recopier des passages. Quant au contenu du roman, l’histoire elle-même, je reste sur ma faim, persuadée d’avoir été à mon tour manipulée, ce qui me plaît plutôt bien avec certains auteurs, moins ici, où j’ai le sentiment d’un déséquilibre au niveau de la structure du récit.



Vos libraires s'associent pour vous parler du livre AUTREMENT