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10 mars 2019

Le grand prédateur

Mao Tsé-Toung collectionnait les maîtresses. Soldates ou artistes, le
dictateur adultère les aimait jeunes et fraîches. Ce secret d’Etat aujourd’hui
éventé a inspiré à l’écrivain sino-américain Qiu Xiaolong le sixième de ses
onze romans, « La danseuse de Mao » (2008). Il y évoque la face criminelle de
ce grand tabou maoïste : au nom du silence et pour sauver les apparences, ce
régime moraliste et puritain n’a pas hésité à éliminer les proies du Grand
Timonier et les témoins de ses infidélités.
Les pontes du parti jettent ainsi en pâture à l’inspecteur Chen le destin de
la belle actrice Shang Yunguan, défenestrée en pleine Révolution culturelle.
Que cachent sa mort et celle de sa fille, écrasée par un autobus ? Et que
cache sa petite-fille, au train de vie de riche héritière ? On compte sur
l’enquêteur intègre et franc-tireur pour déminer le scandale sans avoir à
mouiller de services officiels. Il va s’y prendre à sa manière, discrète et
détournée, dans ce système où justice et loi sont parfois incompatible.
Cette histoire tragique, avec ses intrigues de palais et ses flashbacks
historiques, était idéale pour devenir un roman graphique. Le scénariste
Olivier Richard l’a redécoupée et épurée, le dessinateur tchèque Hza Bazant
l’a mise en images. Son trait brut et dynamique, dans un noir et blanc relevé
de taches de couleur, donne des visages à l’oppression et à la duplicité, dans
une atmosphère de violence et de paranoïa.
Qiu Xialong a validé cet ouvrage qui respecte sa vision de la Chine mais aussi
la personnalité de son flic-poète et la double nature de Shanghai, ville de
pouvoir restée ouverte sur l’extérieur. Un opus qui s’inscrit dans une longue
tradition française de mariages réussis entre la littérature noire et le
graphisme.

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