Réunion d'études parues de 1983 à 2005, ce livre veut rendre à Sartre la place
qui lui revient dans la critique littéraire du XX° siècle. Une place
paradoxale. Il renia l’héritage de Taine et Lanson, mais ne fut pas toujours
contre Sainte-Beuve. Il s’appuya sur des sciences humaines comme la
psychanalyse ou le marxisme, mais au prix de leur détournement. Sartre a
publié au début de sa carrière des articles de « vraie » critique commandés
par des revues littéraires aussi prestigieuses que La NRF. Ils offrent, entre
autres aperçus, une poétique complète du roman nouveau, bien avant les
manifestes du Nouveau Roman. On y trouve un éreintement programmé de Mauriac,
un compte rendu ambigu de L’Etranger de Camus, une complice référence à l’ami
Paul Nizan. Dans les écrits intimes de la même période (lettres et carnets),
on voit aussi à quel point Sartre fut un lecteur insatiable. Dans Qu’est-ce
que la littérature? il analysera en philosophe cet acte de lecture,
préfigurant l’esthétique de la réception d’après 1970. Les manuscrits des Mots
témoignent de la culture de leur auteur, et de la lutte qu’il mena pour ne pas
se laisser aliéner par cet héritage livresque, obstacle au monde réel. A
propos des autres ou de lui-même, Sartre s’est toujours demandé: comment
devient-on écrivain au lieu de rêver d’être un « chef »? Son rapport à De
Gaulle donne un début de réponse, dans des textes où la critique tourne à la
polémique politique, composante incontournable de l’œuvre après la guerre.
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