PréfaceMon cher Gilbert,Il faudrait de ton livre (re)lu ce soir, si je devais faire un résumé anthologique, me mettre dans l'impossibilité de le réaliser tant ta prose d'ombre et de clarté est juste et précise. Nous sommes au pays des lignes, des fantômes et des esquisses éclatants de songe. Je citerais cependant : « Une femme dans cette île garde un grand secret et, s'agenouillant près d'elle, très probablement, une ombre s'efface. » Puis quelques instants après : « Les mots s'ouvriraient des phrases, comme apportées par un bruissement inexistant, des voix se répercutant en écho. » Ces deux citations traduisent le climat onirique de ton livre. Tu es un peintre intranquille comme si ce texte te suggérait évadé de ton tableau et de ton atelier. « L'inconcevable, impalpable et confidentiel, se matérialise. Café brûlant nécessaire. » La peinture existe dans ce livre par des touches de réel. Ce café par exemple.Catherine Broudier, ton illustratrice, me fait penser à certains travaux de Chirico. « Cette ombre fidèle » est vraiment ta bienfaitrice car elle n'est pas ligne. Elle ne sépare pas deux mondes mais les englobe ou les enveloppe. C'est peut-être ta façon (celle de tes regards) de saisir les couleurs vives du ciel. « Temps secret de l'écriture » dis-tu, mais temps secret de peindre aussi. As-tu noté Le Partage des ombres au bord de Léthé pour te rafraîchir la mémoire et guérir tes blessures d'homme ? Ta prose est sonate et quatuor et appelle la naissance des couleurs. La fin de ton livre, « en arrière précisément… jusqu'à tant d'autres », n'est-elle pas l'annonce d'une nouvelle création qui ne demande qu'à naître dans les ombres de l'été ?Luc VidalNantes, le 09-03-2010
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