Dans les années soixante, à l'époque où l'histoire littéraire installe le Nouveau Roman dans l'avant-garde formaliste, Robert Pinget lui-même « nouveau romancier », fait raconter au lapin, Gibelotte, sorti des livres pour enfants écrits par son ami le peintre-décorateur Matias, une vie, entre herbages et lapinières, qui ressemble singulièrement à celle de « Quelqu'un », la sienne.Entre Mahu et Théo, Gibelotte se regarde vivre ou plutôt regarde la fable de sa vie se dessiner, se raconter. Les lapins sont des animaux d'un naturel fort doux et qui prennent toujours la fuite devant nous écrivait Molière. Gibelotte est pris dans les rets du mythe, de la fable, de la famille. Victime de la réputation (des lapins), il cherche à trouver son tréfonds et à vivre sa vie de lapin.En 31 planches (30x50 chacune), Pinget et Matias racontent une histoire. Le Nouveau Roman n'osait redire les amours d'Ernest et d'Augustine, Gibelotte ose la confession, les confidences puisqu'on ne sait pas « où est le vrai, où est le faux ».Robert Pinget (1919 1997) et Matias (né en 1926), sont tous deux nés en Suisse. Vivant à Paris, ils ont été très liés à Samuel Beckett. Matias a notamment fait les décors de En attendant Godot et de Oh les beaux jours de Beckett mais aussi de Lettre morte, Architruc, Identité et Paralchimie de Robert Pinget.
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