Théo et Max s'ennuient. Ces deux jeunes tout juste sortis du secondaire boivent et enchainent les joints pour noyer le vertige que leur donne l'avenir. Non loin d'ici, Le docteur Rombouts rentre d'une longue journée passée à l'hôpital. Il a hâte de retrouver sa belle maison et d'y boire quelques verres mais le marasme de sa récente rupture ne tarde pas à le rattraper. Jeunes décadents d'un côté vieux rétrograde de l'autre et finalement tous paumés, les pensées défilent en parallèle à mesure que la soirée avance.
Dans une ambiance trouble et épaisse, nous pressentons le rendez-vous.
Après "Blizzard", 1er roman époustouflant de maîtrise et à la construction narrative épatante, dans ce nouvel opus Marie Vingtras manie à nouveau avec brio les codes du roman noir à l'américaine :
- un meurtre raconté en 4 saisons par 4 narrateurs.
- une bourgade américaine jusque-là sans histoire mais qui recèle jalousies, intolérance et préjugés.
Et, surtout, ne pas en dire trop pour vous laisser le plaisir de le découvrir...
Selim est rescapé syrien d’une traversée clandestine en bateau. Il ne sait pas encore qu’il n’a pas échoué sur les côtes italiennes mais sur une plage gay en Croatie. Mijo et Jozefina, jeune couple en pleine santé et profondément croyants viennent prier Sainte-Marguerite dans l’espoir d’enfin avoir un enfant.
Il y est question de spécialités culinaires, d’une cellule de dégrisement transformée en chambre d’hôte, d’un âne qui « chante l’amour » et autres situations cocasses qui ne manquent pas de faire sourire.
Histoire(s) tendre, profondément humaine, sur un ton joyeusement fanfaron !
Vous allez me dire : encore un récit sur la Grande Guerre. Oui mais quel récit !!
3 personnages en huis clos : ce soldat mutilé, sa femme dévouée et une bonne. Une servante comme une autre, invisible et jeunette mais qui cache bien son jeu !
Chaque personnage s'exprime différemment avec une mise en page propre à chacun. Pas de dialogue, pas de chapitre. Tout est fluide même si c'est déroutant.
Comme un puzzle, les pièces se mettent en place au fur et à mesure pour une chute....étonnante !
Belle découverte !!
Si Freud est connu de tout un chacun, sa fille Anna, la benjamine, l’est beaucoup moins.
Figure plus discrète mais tout aussi active dans le domaine de la psychanalyse - des 6 enfants elle fut la seule à se diriger vers cette discipline - elle a également veillé sur son père jusqu’à sa mort. Ce roman est donc le bienvenu pour approcher cette femme exceptionnelle à tous points de vue.
L’auteure nous plonge dans la vie de cette famille illustre, dans la société intellectuelle viennoise à partir des années 20 puis nous fait suivre la maturation d’Anna en tant que femme et que psychanalyste.
Elle relate d’une plume extrêmement agréable à lire ses relations avec son père, sa mère, sa psychanalyse, leurs années de bonheur à Vienne, la peur de plus en plus oppressante puis la fuite à Londres et son amour pour Dorothy Burlingham avec laquelle elle a partagé une grande partie de sa vie.
Isabelle Pandazopoulos ne fait pas un portrait hagiographique de celle qui s’intéressa à l’application de la psychanalyse auprès de jeunes enfants. Elle nous fait découvrir au fil de la narration une femme complexe, extrêmement sensible, affectée par le manque d’amour que sa mère éprouvait à son égard, longtemps complexée, idolâtrant son père.
La structure du roman intercale de courts extraits de correspondance qui donnent encore plus de chair au personnage révélant l’amour inconditionnel qu’elle portait à son père et l’intérêt constant d’Anna pour la psychanalyse et la façon dont elle pourrait être appliquée pour soulager la souffrance de jeunes enfants.
La plume d’Isabelle Pandazopoulos recrée tout au long du roman et de façon remarquable non seulement la vie quotidienne de la famille Freud mais également l’intelligentsia autrichienne et internationale que la famille côtoie.
Un gros coup de coeur assurément !
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