Des bêtises de gosses, des responsabilités d'adultes et des sentiments qui débordent, comme les fleuves parfois. Pour le dernier jour de la colo', on assiste à un triste enchaînement, en spectateur d'une logique de groupe, d'un magma d'individualités. Grâce à une belle écriture en trébuchements et un dispositif à plusieurs voix, on plonge dans les sables mouvants de l'innocence supposée de la jeunesse et de la construction heurtée d'hommes en devenir. Et la mélancolie qui remplit les poumons de celles et ceux pour qui grandir, disent-ils.
En 1924, sur le Tour de France, c'est l'époque des départs en pleine nuit pour des étapes de plus de 400 km, des contrôles où les coureurs doivent poser pied à terre pour signer les registres, des besaces bien garnies de chloroforme ou de cocaïne, des coureurs changeant eux-mêmes leurs pneus crevés... Nul besoin de s'y connaître en cyclisme pour savourer les chroniques piquantes de l'écrivain-reporter, qui s'intéresse avant tout à la (grande) souffrance des participants et à la ferveur des habitant.e.s sur le bord de la route. Amusement et admiration se mêlent pour ces « mangeurs de poussière » !
À seulement 15 ans, un garçon se retrouve devant un avocat commis d'office, dans la Tunisie d'aujourd'hui. Il sera jugé, quand d'autres hommes de son pays, à savoir les figures d'autorité que sont son père, le maire et le ministre, seront considérés comme des victimes. Est-ce là la véritable justice ? Au cœur de ce récit percutant sur la transmission de la violence et sa banalisation, de beaux moments d'amour pur et sans jugement, pour lesquels on laisse aux lecteurs le plaisir de découvrir l'identité de Bella.
Rarement naufrage aura sonné aussi salutaire. Un divorce survient comme un sursaut vital, puis il faut assumer les aspects matériels d’une existence d’écrivaine et de celles de ses filles. Le cadre est peut-être sérieux, mais le propos est foudroyant, tout en bribes de beauté, en éclats de poésie du quotidien, en anecdotes au sous-texte monumental et universel. C’est chouette, une autrice d’une si grande acuité qui s’accorde le droit d’être en même temps sincèrement délurée. À lire d’une traite ou en fragmenté pour parvenir, qui sait, nous aussi, à naviguer à travers l’insaisissable de la vie.
D'abord, un homme se meurt, réfugié dans sa bergerie en pleine montagne, enveloppé d'un plaid rouge et de son extrême solitude. Puis l'on rencontre ses douleurs fantômes, avec l'impression de remonter aux origines du bien d'un homme pétri de valeurs, mais empêché par sa lâcheté et par son impuissance de protéger celles qu'il a aimées. Dans le tribunal de notre conscience de lecteur, quel jugement porter sur l'injustifiable, lorsqu'il entend répondre à des décennies de faiblesse ? En dehors de tout cadre viriliste, Christian Carayon propose un portrait puissant et tout en nuances, autant qu'un plaidoyer pour la clémence des êtres humains entre eux.
Vos libraires s'associent pour vous parler du livre AUTREMENT