Les librairies Agenda Coups de coeur
11 mai 2016

Retour vers l’enfance.

Retour vers l’enfance.
Troisième roman de Peter Cunningham traduit en Français après « Trio à cœur » et « La mer et le silence » qui a obtenu plusieurs prix.
Roman en quatre parties « Il y a deux ans. Bayport, lac Mukoka. Ontario. Canada » ; « Il y a deux ans. Irlande » ; « 1970. Waterford, Irlande » et « Deux ans plus tard ».
Kay et Alex vivent dans un coin idyllique du Canada ; par contre leur vie de couple est loin de l’être. Lui est écrivain, son premier roman s’est correctement vendu, mais pas assez pour assurer les dépenses du ménage. Donc Kay est obligé de travailler. Tim, leur petit- fils vit avec eux, sa mère est morte et son père vit en Chine.
Larry White est un nouveau venu dans le voisinage. Il se dit ancien policier et se comporte d’une manière envahissante. Kay se sent un moment attiré par lui.
Une lettre et surtout son contenu, une mouche pour la pêche à la truite, va bouleverser Alex. Son enfance lui revient et ce sentiment diffus d’avoir tué quelqu’un. Il ne se souvient plus qui, ni comment.
La seule solution : retourner affronter son passé en Irlande et le Docteur, son père, tenter de savoir, de remplir les trous de sa mémoire d’enfant.
Sa quête ne sera pas simple, son père refuse de le recevoir, mais finit par cracher un nom « Flannery ». Alex revoit une ferme, un couple de paysans et Terrence, un jeune garçon vivant avec eux. Celui-ci n’est pas leur fils, mais un neveu qu’ils élèvent.
Dans la région, les langues ont du mal à se délier. Son Docteur et le père Charlie McVee étaient de fins pêcheurs à la mouche. Les truites abondaient dans les rivières avoisinantes. Terrence les accompagnait très souvent.
La suite de l’enquête d’Alex lui révélera des faits dont il ne se doutait pas enfant.
Il va petit à petit découvrir le côté sombre de son pays, se souvenir qu’il était destiné à être prêtre, et la rencontre d’une femme lui a fait abandonner ce projet, et l’a fâché définitivement avec son père.
Il tentera de retrouver la trace du Père McVee, de Sean Phelan, mais ce qu’il découvrira le consternera.
Et quel est le lien avec sa vie au Canada et les visions mystérieuses de Kay à son travail et aussi l’omniprésence de Larry White dans la vie du village ?
Une peur diffuse s’installe dans ses pensées… il lui faut rentrer au Canada.
Mais avant de retourner chez lui, une dernière étape est nécessaire.
Beaucoup de personnages au fil des lignes et du courant des rivières irlandaises. Alex Smyth, écrivain, pour lui un retour aux sources douloureux. Etait-il absolument nécessaire ? N’est-il pas mieux de laisser les cadavres anciens dans des placards bien fermés ? Kay, son épouse, est restée au Canada. Larry White, qui est-il vraiment ? Un revenant d’Irlande ? Le Docteur, père d’Alex, homme rigide, a élevé seul son fils. Pour celui-ci : deux options, l’église ou la médecine.
Le père Charlie McVee, Terrence Dealy et le père Sean Phelan sont les symboles de la mainmise de la religion sur l’Irlande, et de ses égarements. Que de destins brisés !
Un autre personnage omniprésent dans ce roman… la truite ! En fin de livre vous saurez tout sur ce poisson plein de ressources ! Et vous comprendrez pourquoi il est si difficile de le pêcher.
Un livre en forme de puzzle, plein de flash-back racontant le gâchis de plusieurs vies d’enfants et les séquelles qui les hanteront durant toutes leurs vies. Un très bon roman sur une période peu glorieuse de l’histoire de l’église catholique d’Irlande avec une fin angoissante digne d’un bon thriller.


1 avril 2016

Chasse à l'homme.

Auteur ayant grandi à Wyalusing, bourgade du nord-est de la Pennsylvanie, population 379 habitants, qui sert de décor pour ce premier roman.
Danny Bedford découvre le corps dénudé de Mindy, elle est morte. C’était une des rares personnes à avoir un peu de compassion pour lui, l’idiot du village ; orphelin il a été élevé par son oncle. Gamin il était le souffre-douleur de l’école, en particulier de deux brutes, Mike Sokowski et Carl Robinson. Ni l’un ni l’autre ne se sont amélioré en prenant de l’âge. Sokowski est devenu sheriff adjoint, ce qui lui confère une certaine immunité.
Danny va être bien évidement le coupable tout désigné, alors que l’assassin est Sokowski et que Carl est témoin du meurtre. Donc maintenant leur but, c’est de charger Danny, un coup de bottes de Sokowki dans la mâchoire de ce dernier l’empêche de parler.
Durant cette nuit les événements se précipitent…
Johnny Knolls, le père de Mindy, est tué par Taggart car il menaçait Lester de son fusil. Danny prend la fuite. Sokowski persuade Carl de l’aider à le retrouver et de l’abattre ce qui le fera taire à jamais.
Mais Lester commence à se poser des questions. Pourquoi Danny aurait-il tué Mindy alors qu’il était venu pour lui offrir un cadeau pour son anniversaire ? Quelque chose ne colle pas ! Cette femme était sa seule amie. Alors pourquoi ?
Une sorte de folie furieuse s’empare du village, Danny devient l’homme à abattre.
Beaucoup de personnages, dont certains à la limite de la rupture. Le « héros » bien malgré lui, Danny est gros trop gros. Ayant eu un accident sur un lac gelé qui a cédé sous lui lorsqu’il était enfant, il est mentalement retardé, mais semble inoffensif. Enfin c’est ce que beaucoup de gens pensent. Mindy est une femme seule et trop belle, Danny l’adore, Sokowski fut son amant mais elle veut mettre fin à cette relation, cela lui coûtera la vie. Sokowski est l’archi-type du pourri ! Policier corrompu, cultivant de la marijuana, alcoolique, drogué et fou furieux, cradingue.
Plusieurs narrateurs se succèdent au fil des chapitres : Danny, Mindy, Sokowski, Lester le shérif vieil homme qui croit encore à l’être humain, Carl, pauvre type dépassé, Taggart, un policier d’État ayant un gros problème d’alcoolisme, Sarah Knolls qui a perdu son mari et sa fille dans la même nuit ; elle regrette sa fille, mais pas son époux ! Scott et Skeeter Knolls, jumeaux, frères de Mindy, eux aussi veulent participer à la curée. Monsieur et Madame Bennett sont les propriétaires de la laverie où travaille Danny, des personnes gentilles avec lui.
Un grand livre, très noir, une réussite pour un premier roman. Une œuvre crépusculaire. Une ambiance glauque qui ajoute à la force de l’écriture.


30 mars 2016

Promenons nous dans les bois...

Sur la couverture il est signalé « Un thriller amoureux époustouflant ». Le Figaro littéraire. Je n’ai pas souvenance d’avoir déjà lu ce genre de roman ! Il faut un début à tout ! Un auteur que je découvre.
Roman se déroulant sur six jours, qui ne furent pas de tout repos.
Nous sommes dans les montagnes du Wyoming, Mack attend Vonnie, son épouse, pour la balade de la dernière chance. Pour leur couple ça passe ou ça casse !
Un mois avant dans une prison, ils s’étaient donné rendez-vous pour leur balade annuelle des ides de septembre. La dixième ! La première, ils n’étaient pas mariés, les huit suivantes, oui et maintenant ils ne le sont plus.
Mack profite de sa solitude pour revoir sa vie, son travail au ranch familial, l’accueil de touristes plutôt fortunés pour des séjours plus ou moins courts. Son père lui donne des conseils de méfiance vis-à-vis des jeunes femmes qui lui font les yeux doux. Et pourtant il en épousera une, Vonnie.
La mort de son père le laisse dans une situation financière délicate, une solitude profonde. Pour tenter de sauver le ranch, il trouve un emploi en rapport avec ses études d’informaticien, un poste de consultant, avec un chèque tous les mois.
Il ne se pose pas trop de questions sur la légalité de cette situation.
Il se souvient aussi de ses dérives dues à une situation financière difficile, la vente de drogue et sa forte consommation d’alcool. Les mois de prison et son divorce, et sa décision de repartir du bon pied avec l’aide de Vonnie.
Mais il doit effectuer une ultime mission, le prix de ce travail est pour lui énorme : 10 000 dollars ! Il ne peut évidemment pas refuser.
Mais la tâche n’est pas aisée, il doit retrouver la pièce expérimentale d’un drone qui se trouve dans les montagnes. Seule localisation possible, le faible son d’un GPS, émettant sur une courte distance.
Les jours passent, les kilomètres aussi, pour Mack les souvenirs pas franchement bons reviennent. Les voyages en voiture pour de l’argent, sans trop se poser de questions. Mais un jour, la raison lui revient, alors il arrête ces allers et retours !
Une rencontre avec des braconniers, dont l’un veut depuis quelque temps la peau de Mack, les oblige à une fuite dans laquelle Vonnie sera blessée.
Et toujours aucune nouvelle de la balise recherchée…
Deux personnages principaux, Mack qui a connu des périodes difficiles. La recherche de liquidité pour sauver son ranch l’a poussé dans la délinquance. Vonnie, son épouse, l’a un jour quitté et ils ont divorcé. Cette randonnée est une sorte d’adieu à un pan de leur vie.
Narration sur deux niveaux du moins en début d’ouvrage. Le passé et le contemporain, hier et aujourd’hui.
Beaucoup de très belles descriptions de paysages que l’on devine sublimes, une ode à la nature, la vraie encore préservée.


25 mars 2016

La voix de son maître.

La quatrième de couverture annonce la couleur :
- Matthew McBride fait passer Mickey Spillane pour du Barbara Cartland.
Ecrivain américain, il a commencé à écrire durant les treize années où il a travaillé à la chaîne pour Chrysler.
Nick Valentine se rend dans une maison où un suicide vient de se produire ! Un crime que les auteurs ont tenté de maquiller, d’une manière tellement ridicule que cela en est risible.
Plus tard un braquage de banque, grotesque lui aussi. A t-on idée de se servir d’une camionnette de boulanger comme véhicule de fonction ? Résultat deux morts, un seul survivant, Telly, un pauvre junky qui se dit qu’il va garder le butin ! Il ne gardera ni le butin ni la vie très longtemps.
Alors commence une chasse au trésor urbaine et sans lois.
Plusieurs équipes sont en course, la police « outsider » tentant de respecter les règles du jeu.
Parker et son gang, qui était le commanditaire du braquage et qui se retrouve Grosjean comme devant ! Et pas très content, on s’en doute. Ils ont liquidé Telly (sa mort fait froid dans le dos, humour très noir) mais ne savent pas où se trouve le butin.
La troisième team est formée de Nick Valentine, et de deux acolytes, (et non pas alcooliques), Doyle et Big Tony. En réalité Nick se verrait bien faire cavalier seul !
Le premier point est marqué par Sid l’Angliche et Johnny Sans Couilles qui retrouvent, pour Parker, le sac et l’argent. L’affaire est dans le sac, pensent-ils, un peu prématurément.
En effet pendant que Vince a un entretien avec l’inspecteur Ron Beachy, dit Ron l’Amiche, ses complices prennent l’autre équipe en filature. Et décident de cambrioler la demeure de Parker ! Mais rien ne se passe comme prévu…
Chacun des protagonistes ne pense qu’à une chose, berner les autres, tous les moyens sont bons, donc les cadavres nombreux !
Nick Valentine est un ancien flic reconverti en détective privé. Il aide aussi la police, quand on le lui demande gentiment. Carburant entre autre à l’Oxycontin et à la bière ou au bourbon. Il n’est pas non plus très regardant sur le franchissement de la ligne qui sépare la légalité de l’illégalité. Surtout s’il y a un gros, un très gros paquet de dollars à la clé ! Le type même de l’anti-héros à la mode dans le roman noir.
Vous vous posez sûrement la question, que vient faire Frank Sinatra dans cette histoire complètement baroque ? Vous trouverez la réponse en lisant ce livre !
Beaucoup de personnages peu reluisants, seul un policier ou deux sont au-dessus de tout soupçon, enfin espérons-le !
C’est très noir, violent, mais avec un humour assez décapant ! J’adore ce genre de roman, surtout lorsque (et c’est le cas ici) l’intrigue tient la route.


20 mars 2016

Une époque trouble.

Premier roman de cet auteur né à Belfast. Dramaturge et nouvelliste, il est directeur du « London Short Story Festival ».
Neuf semaines dans la vie d’un enfant avant sa rentrée à Saint Gabriel’s alors qu’il espérait aller à Saint Malachy’s. Donc autant de chapitres.
La vie de Mickey avec tous ses problèmes existentiels ou familiaux et il en a beaucoup ! En particulier avec son père, qui est un adepte de la dive bouteille, et qui un jour quittera la maison.
Il préfère jouer avec les filles, alors pour les autres garçons c’est au choix, une tapette ou un pédé !
Hélas les filles souvent aussi le rejettent, alors il vit un peu dans les jupons de sa mère ; sa petite sœur « P’tite Maggie » semble la plus proche de lui. Son grand bonheur « Tueur » son chien, qui hélas sera une victime collatérale d’une bombe !
Il est aux prises avec les tourments de son âge, les filles en particulier la belle et blonde Martine qui un jour lui demande de lui « rouler une pelle »…, chose qu’il ne fera pas !
Sauf qu’ici l’action se passe à Belfast à l’époque des « Troubles » et la ville ressemble plus à un champ de bataille qu’à un jardin d’enfants ! De plus le quartier où vit la famille, Ardoyne, est un quartier populaire, catholique et républicain. C’est aussi un bastion de l’ I.R.A. Mais au loin on entend les protestants préparer leurs marches annuelles, et leurs musiques rythmées par de lourds tambours.
Alors les mises à sac des habitations sont monnaie courante, les émeutes font partie des événements ordinaires, les bombes et les fusillades ne sont pas rares. Les jeunes filles catholiques sont liées à un poteau électrique et badigeonnées de plumes et de goudron pour avoir été vues avec des soldats britanniques. Les rares voleurs doivent rendre des comptes à l’I.R.A. Bref un excellent environnement pour une éducation apaisée.
Michael (Mickey) Donnelly surnage avec une grande dose de naïveté dans un monde dur et violent. Sa famille, sa mère qui fait tourner la maison, son père alcoolique est parti et Mickey ne le regrette pas.
Ses sœurs, Mary dite « Rougeole », la petite Maggie, sa préférée, Paddy son grand frère qu’il n’aime pas du tout. Après avoir été emprisonné et passé à tabac, il semble s’être rapproché des Républicains. Une famille ordinaire pour le quartier.
Un mystérieux oncle Tommy fait soudainement son apparition dans le paysage… et il reste dormir une nuit dans la demeure familiale !
Les garçons ont des surnoms plein d’estime, mais aussi de dérision, « Ma-mère-La-Pute », « Les Gros Durs », « La Tache », « Tête de Casque » et celui dont il est le plus proche « Péteur ».
Les filles ne sont guère mieux loties, Martine son fantasme absolu, la seule qui trouve grâce à ses yeux. La pire pour Mickey est Briege McAnally qui se vante que son père, un chef de l’I.R.A, est en prison ! Pratiquement toutes les familles dans le quartier ont des membres de leur famille en prison !
Il est à noter que d’une manière péjorative les Anglais sont toujours nommés « Les Angliches » !
Un roman qui m’a fait penser à ce très bon livre de Jennifer Johnston « Des ombres sur la peau », la vie de tous les jours d’un enfant dans un Belfast en guerre ! Même trame, mère admirable, père alcoolique et grand frère pas très net ! Mais ici une grande dose d’humour adoucit le propos.
Un très bon livre qui par les yeux de Mickey dédramatise cette période d’un conflit que les Britanniques refusent de nommer « guerre ».
Un auteur à suivre.




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