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16 juillet 2021

Un très bon roman noir croate et un auteur à découvrir !

Chaque découverte d’un(e) nouvel(le) auteur(e) est un plaisir qui s’ajoute à celui de la lecture. On se dit que si ce premier roman est bon, alors d’autres livres certainement suivront et on s’en réjouit à l’avance.
C’est le cas avec « L’eau rouge » de Jurica Pavičič, publié pour la première fois en France par les éditions Agullo, maison d’édition qui plonge dans les eaux profondes de l’Europe et nous offre ainsi
de sacrés trésors.
C’est du côté noir qu’on classera « L’eau rouge » car le roman commence dès les premières pages par la disparition d’une jeune fille de 19 ans, Silva Vela, dans un petit bourg de la côte dalmate, un soir de septembre 1989. Sortie pour aller danser à la fête du bourg, elle disparaît vers 1h 00 du matin et ne refait plus surface.
Au coeur du roman, la disparition de Silva va devenir une obsession pour sa famille une fois le dossier classé sans suite par la police, incapable de trouver le moindre indice : fuite ou assassinat, rien n’est sûr, rien n’est prouvé. Pour le frère jumeau de Silva, Mate, va alors commencer une recherche sans fin de traces éventuelles de sa sœur, autour de Split puis de plus en plus loin car la police pense que la jeune fille s’est enfuie par le train et ne veut plus donner de nouvelles.
Si l’on suit les affres d’une famille déchirée par un drame intime, l’histoire de l’ex-Yougoslavie puis du nouvel Etat qui va naître à la fin de la guerre, la Croatie, va composer la toile de fond du roman, et c’est ce qui en fait tout l’intérêt. L’auteur ne va pas se contenter de raconter le déroulé de la disparition et de la recherche de la jeune fille, il va utiliser l’histoire de son pays pour en enrichir le propos et dépeindre ainsi les 30 années qui suivent la disparition de Silva et les conséquences des bouleversements politiques sur la vie de la famille de la jeune fille et du peuple croate: la chute du régime communiste, la proclamation de l’indépendance de la Croatie et la guerre qui va suivre entre 1991 et 1995, puis l’ouverture au capitalisme et l’arrivée de spéculateurs immobiliers … Si Mate est l’un des personnages pivots, d’autres vont aussi avoir un rôle déterminant. Le commissaire Gorki Šain va ainsi prendre vie dès le premier chapitre puisque c’est lui qui va être en charge de l’enquête. L’indépendance et la guerre vont l’évincer de son poste mais il va réapparaître des années plus tard, taraudé par ce dossier qu’il n’a jamais pu refermer.
Entremêlant enquête policière, enquête familiale et histoire de son pays, Pavičič réussit à composer un roman habilement construit et que vous ne lâcherez pas avant le mot de la fin !


26 avril 2021

famille, Yougoslavie

En ouvrant ce roman, je ne savais pas situer la Dalmatie sur une carte. Le roman se déroule dans le village de bord de mer de Misto, pas loin de Split (là, le nom de la ville me dit quelque chose).

J’ai donc découvert cette partie de l’ancienne Yougoslavie, agréable petit port de pêche sur la côte méditerranéenne, où poussent palmiers et oliviers.

Mais un jour de septembre 1989, Silva Vela, jeune fille de 17 ans, disparait.

Nous suivons alors tour à tour son père, sa mère et son frère jumeau, mais aussi l’enquêteur puis son remplaçant ; quelques voisins dont l’amoureux de Silva. Et nous les suivons jusqu’en 2017, date à laquelle le mystère est éclairci.

Entre temps, la Yougoslavie n’est plus, les parents ont divorcé, des élèves du lycée de Silva sont morts à la guerre, son frère s’est marié…

J’ai aimé, à travers quelques dates, découvrir l’histoire de la Yougoslavie depuis la chute du mur de Berlin. Car pour moi, mis à part les images de guerre en hiver, ce pays sous le joug de Tito ne rimait pas avec plages et longs étés.

Le style est très factuel et ne s’embarrasse pas de fioritures, mais mon attachement aux personnages a fait que je voulais savoir si le fin mot de l’histoire me serait révélé.

J’ai aimé ces personnages du petit port de pêche, que la grande ville ne tente pas, que la guerre épargne même si elle leur a pris quelques rares enfants.

J’ai eu de la peine pour le frère qui ne cesse de chercher sa soeur, même à l’autre bout du monde, délaissant sa propre famille.

L’auteure nous donne à voir une région vivante, bien que grignotée par le progrès et la modernité.

Ce roman a reçu deux prix dans son pays, gage de sa qualité.

L’image que je retiendrai :

Celle de l’autoroute yougoslave qui longe le littoral appelée la Magistrale.




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