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24 novembre 2022

La banalisation du mal : effrayant et éclairant !

Giuliano da Empoli relate sa rencontre fictive à Moscou, avec le très énigmatique Vadim Baranov, autrefois artiste puis producteur d'émissions de télé-réalité, devenu le "spin doctor" de Poutine.

Retiré des affaires au moment du récit, Vadim Baranov raconte sa jeunesse et sa vie dans les 90's en Russie et son irrésistible ascension jusqu'à devenir le plus proche conseiller de Poutine.

Un roman extrêmement fort sur les rouages du pouvoir en Russie et la banalisation du mal. Un roman qui éclaire sur la situation actuelle, qui fait froid dans le dos et trouble aussi beaucoup.


5 janvier 2023

Russie

Qui est celui que l’on surnomme Le Mage du Kremlin ? Qui susurrait à oreille du Tsar ?

Le narrateur le rencontre par hasard, après avoir cité Zamiatine dans un post sur un réseau social. Il écoutera toute une nuit le récit de Vadim Baranov, metteur en scène, puis producteur d’émission de télé-réalité avant de devenir l’éminence grise de Poutine.

J’ai aimé que l’auteur précise avant de commencer que son roman était inspiré de faits et de personnages réels à qui il a prêté une vie privée et des propos imaginaires. Il s’agit néanmoins d’une véritable histoire russe.

J’ai aimé la vision de Vadim sur la société russe et son fonctionnement, le choc de la fin de l’URSS, et le rapport si particulier à la patrie.

J’ai découvert que c’était Berezorvsky, un homme d’affaire et premier oligarque, qui était allé cherché Poutine à la FSB pour lui servir d’homme de paille. Mais il n’avait pas réellement vu l’homme sous le masque de l’espion, ce qui lui fut fatal.

L’auteur m’a fait voir une société et un état dominé par les passions et non par la raison.

J’ai trouvé les perspectives d’avenir de Vadim bien tristes, où l’homme imparfait sera supplanté par la machine pour surveiller son prochain (ceci-dit, cela est déjà le cas en Chine).

Un roman quelque peu politique qui explique les ressorts de la pensée russe excessive et sans logique.

Un éclairage passionnant sur les tragiques actualités.

Quelques citations :

" Ils avaient grandi avec une patrie et se retrouvaient soudain dans un supermarché". (p.87)

" Poutine est un tchékiste, Vadia : de la race la plus féroce, celle qui ne fume ni ne boit. Ce sont les pires parce qu’ils cultivent les vices les plus cachés. " (p.131)

"Le moteur primordial dont il faut tenir compte reste la colère. Vous, les Occidentaux bien-pensants, croyez qu’elle peut être absorbée. Que la croissance économique, le progrès de la technologie et, que sais-je, les livraisons à domicile et le tourisme de masse feront disparaître la rage du peuple qui plonge ses origines même dans les racines de l’humanité. Ce n’est pas vrai : il y aura toujours des déçus, des frustrés, des perdants, à chaque époque et dans n’importe quel régime. Staline avait compris que la rage est une donnée structurelle. (…) C’est un des courant de fond qui régisse la société." (p.155-156)

" Deux choses que les Russes demandent à l’Etat : l’ordre à l’intérieur et la puissance à l’extérieur." (p.162)

" Le risque que la troupe, au lieu de tirer sur la foule, se solidarise avec elle est l’éternelle menace qui pèse sur tout pouvoir."(p.270)

" Mais Facebook est allé beaucoup plus loin. Les Californiens ont dépassé tous les rêves des vieux bureaucrates soviétiques. Il n’y a pas de limites à la surveillance qu’ils ont réussi à instaurer." (p.272)

L’image que je retiendrai :

celle de la vieille bibliothèque dans laquelle discutent Vadim et le narrateur, avec un feu de cheminée et des fauteuils confortables, toutes choses qui auraient dû disparaître avec les soviets.

https://alexmotamots.fr/le-mage-du-kremlin-giuliano-da-empoli/


30 décembre 2022

Leçon de realpolitik à la sauce russe !

"Crois-moi, la seule chose que tu peux contrôler c'est ta façon d’interpréter les événements. Si tu pars de l'idée que ce ne sont pas les choses, mais le jugement que nous portons sur elles qui nous fait souffrir, alors tu peux aspirer à prendre le contrôle de ta vie. Sinon tu es condamné à tirer sur des mouches avec un canon."
🇷🇺 Alors certes, vous avez certainement déjà lu moultes critiques élogieuses, analyses dithyrambiques et retours de lecture hyper-laudatifs à propos de cet énigmatique Mage du Kremlin. Mais comment résister à la tentation de clore l'année 2022 sur un roman aussi magistral ?
🇷🇺 Confortablement installé autour d'un feu de cheminée, Vadim Baranov - appelons-le Vladislav Sourkov - livre sa vie et son œuvre à un illustre inconnu rencontré en ligne.
Véritable Machiavel en chapka, cet intellectuel d'avant-garde promulgué conseiller (discret) de Poutine raconte la realpolitik à la sauce russe. Du déclin de l'URSS à l'avènement du "Tsar" en passant par le dégel libéral Eltsine ; des enseignements du grand-père aristocrate reclus dans son isba au cynisme d'une idéologie de la violence au service d'un maître tout puissant, de coups de projecteurs médiatiques en meurtres au polonium, nous voici ballotés au gré d'une Histoire glaçante, implacable et cruellement véridique.
🇷🇺 Le parcours de Giuliano da Empoli laisse à penser qu'il maîtrise parfaitement son sujet : les antichambres du pouvoir. Mais ce que Le Mage du Kremlin révèle de ce conseiller politique italo-suisse, c'est son immense talent d'écrivain !


8 septembre 2022

Excellent!

Et pleinement d’actualité, pour mieux comprendre le monde qui nous entoure


3 juin 2022

Distrayant et nstructif

Mieux qu’un essai, qui aurait été plus austère, Giuliano da Empoli avec Le mage du Kremlin se propose de faire rentrer son lecteur au cœur du pouvoir autocratique de Russie de la manière la plus aisée, la fiction. Une immersion distrayante mais aussi très instructive.




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