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Lectures

One-Shot, Le Jardin, Paris

de Gaëlle Geniller

par Aurore G. - Librairie La Fabrique

Le Printemps.

Une saison qui évoque l'arrivée des bourgeons, le soleil, le retour des chants d'oiseaux, une saison propice à l'amour.
Et quoi de mieux,en cette saison que de flâner dans un jardin. Je vous invite à rejoindre la magnifique jardin imaginée par Gaëlle Geniller : Le Jardin Paris, cabaret parisien. Marguerite, Perce-neige, Hyacinthe, Tournesol sont les fleurs qui agrémentent le lieu, des danseuses plantureuses et somptueuses aux costumes extravagants et magnifiques.

Mais surtout dans ce jardin, il y a Rose, une jeune pousse, un jeune bourgeon prêt à éclore. Rose, est un jeune garçon de 19 ans, fils de la gérante du cabaret, qui ne rêve que d'une chose : danser ; danser pour le public. Rose va enfin monter sur scène et sera un danseur hors pair, tout Paris se bousculera pour voir cet homme chalouper au son de la musique, et notamment Aimé fidèle admirateur de Rose.

Un bande dessinée qui affranchit les genres et balaie les préjugés sans aucune véhémence ni revendication, mais avec beaucoup de délicatesse et d'humanité. Une bande dessinée haute en couleur et en parfum qui allie douceur et romantisme pour une lecture exquise qui ravit autant qu'un beau bouquet de fleurs fraiches.

Gaëlle Geniller nous offre une petite pépite. Ne passez surtout pas à côté.
Absolument Magnifique.

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Un voisin trop discret

de Iain Levison

par Laurence G. - Au moulin des Lettres

Iain Levison a le don pour écrire des histoires qui font mouche à chaque fois : son dernier roman qui paraît aujourd’hui , 18 mars 2021, nous le prouve à nouveau.
Les deux personnages sur lesquels il va tout d’abord s’attarder sont deux militaires, Grolsch et Kyle, pas de ceux qui restent au QG ou confortablement installés dans des bureaux, non, ces deux-là sont des snipers et sont envoyés sur le terrain pour abattre des terroristes djihadistes sis en Afghanistan…
Mais non, pas du tout, je divague totalement, le personnage principal est Jim Smith, un retraité qui, pour passer le temps, est chauffeur Uber à ses heures perdues, c’est-à-dire toute la journée. Déjà, c’est louche : un retraité qui pour passer le temps se fait chauffeur de taxi, franchement, y’ a mieux comme activité après 62 ans… Ce gars-là est donc un tantinet spécial car il est en outre ex-trê-me-ment solitaire (je dirais même a-nor-ma-le-ment solitaire). Il vit seul, ne parle à personne (exceptés à ses clients quand il y est obligé), n’a pas d’amis et a oublié qui composait sa famille ; on peut donc le qualifier aisément de misanthrope.
Dans l’histoire de Levison, il y a aussi une fille du nom de Madison, Maddie pour les intimes, née et vivant dans un trou paumé du Texas (Bennett , qui connaît?) : elle, elle arrive très vite sur scène, avant même les deux snipers, c’est vous dire son importance ; la première fois que Levison la fait causer (ou plus exactement la fait causer et boire), c’est avec Kyle, l’un des deux snipers (souvenez-vous, ligne 2 de cette chronique). Haha, ça commence à ressembler à quelque chose, on a enfin un lien entre 2 personnages…
Mais c’est pas fini ! On a encore une autre fille, au charmant prénom de Corina, portoricaine mariée à Grolsch, mais qui habite elle l’appartement en face de celui de Jim, le chauffeur Uber (vous suivez ?).
Je vous passe les personnages secondaires, tous intéressants pour le bon déroulement de notre histoire mais absolument pas pour cette chronique : deux enfants, plusieurs djihadistes (qu’on ne voit qu’à travers la lunette de visée de Grolsch et pour lesquels le lecteur lambda ne développera aucune empathie), des militaires aux grades variés, un épicier, un inspecteur et un autre sniper qui meurt au bout de quelques pages (c’est dur, je sais, mais c’est comme dans la vraie vie : les militaires se font aussi descendre dans les romans).
Tout ce beau petit monde qui s’ignore plus ou moins au début va entrer en collision et ça va faire « boum ».
Levison, on le sait, n’écrit pas pour dire des choses sympathiques et fleuries sur ses concitoyens et sur l’Amérique en général. Il s’attaque dans ce roman à l’armée, à la façon dont les gars sont laminés après quelques années de terrain dans des pays en guerre, revenant alcooliques, paranoïaques, dépressifs, devenant des maris violents et des pères absents et / où indifférents ; il met aussi en lumière le sort qui est fait aux homosexuels au sein de la Grande Muette côté USA et la façon dont les familles sont remerciées quand on ramène (et pas toujours) le corps de l’un d’entre eux à sa veuve… bref, il tape là où ça fait très mal.
Le scénario est construit sur l’image que veulent absolument donner d’eux les personnages (à commencer par Jim) et sur les idées fausses que l’on peut se faire de quelqu’un. Les quiproquos, les jeux de l'amour et du hasard et l’excellente chute sont les clés de voûte de ce roman génial, disons-le, peut-être le meilleur de Levison !

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Fukushima, Chronique d'un accident sans fin

de Roger Vidal

par Laurence G. - Au moulin des Lettres

"FUKUSHIMA, CHRONIQUE D'UN ACCIDENT SANS FIN" : Coup de ❤ pour ce tout nouveau roman graphique publié par les Éditions Glénat BD
et qui paraît alors que l'on commémore tout juste les 10 ans de l'accident nucléaire.
Bertrand Galic au scénario et Roger Vidal, le dessinateur, ont décidé de décrire ce qui s'est passé durant les 5 premiers jours de la catastrophe en partant du point de vue des différents membres du personnel (la plupart personnages fictifs) mais surtout du directeur de la centrale (qui lui, a bien existé) et qui a le rôle principal. Ils se sont pour cela inspirés principalement du témoignage de Masao Yoshida le directeur, mort d'un cancer deux ans après le tsunami. Pierre Fetet, auteur (vosgien ) du dossier complémentaire qui conclut la BD est un spécialiste de l'histoire de cette centrale et les deux compères ont également pu affiner leur connaissance grâce à lui.
Outre une narration chronologique précise et une mise en images fortement dramatique des faits qui ont eu lieu durant ces premières journées terrifiantes, les deux auteurs ont également mis l'accent sur les responsabilités de la société Tepco dont dépendait la centrale mais aussi sur l'impréparation du gouvernement (qui a sous-estimé totalement ce qui était en train de se produire) et de toute la population du pays. Les ordres et contre-ordres d'évacuation des habitants en sont une preuve parmi tant d'autres.
De nombreuses personnes travaillant au sein de la centrale sont morts soit pendant la catastrophe soit des suites de cancers. La population a été aussi très fortement touchée et rien n'est encore terminé 10 ans après. Les séquelles de l'accident nucléaire perdureront encore des dizaines d'années...
Bref, une bd captivante et extrêmement instructive qui remet au cœur des discussions le bien-fondé de l'utilisation du nucléaire partout dans le monde et bien évidemment en France.

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Dessiner encore

de Coco

par Laurence G. - Au moulin des Lettres

6 ans après l'attentat dans les locaux de Charlie Hebdo, Coco, la dessinatrice qui faisait déjà partie de la rédaction, nous livre un roman graphique bouleversant. Le livre s'ouvre tout d'abord sur des pages stupéfiantes de puissance évocatrice qui montrent des vagues la submergeant tout le temps et à l'improviste, vagues de tristesse infinie, de culpabilité, d'angoisse, métaphores de ce qu'est devenue sa vie depuis 2015. Ces planches introductives sont livrées sans parole et c'est uniquement par le dessin, extrêmement fort et juste, que l'on perçoit la détresse de la dessinatrice.
C'est justement grâce en partie au dessin que Coco a réussi à ne pas sombrer totalement. L'aide d'un psychothérapeute a également contribué à lui permettre de continuer à vivre.
Elle raconte beaucoup de choses dans cet épais roman graphique: la journée du 7 janvier 2015, comment les différents membres survivants se sont retrouvés très vite pour sortir leur numéro hebdomadaire suivant, l'état d'esprit qui régnait à la rédaction à ce moment-là mais elle se remémore aussi les bons moments du passé, la grande gentillesse de Cabu, les blagues qui fusaient, combien elle a appris à leurs côtés alors qu'elle débutait tout juste...
Elle nous fait vivre son quotidien depuis l'attentat et révèle sa volonté farouche de vouloir continuer à dessiner, à faire un travail de journaliste malgré toutes les images qui la hantent.
Tout comme dans "La légèreté" le si beau roman graphique de Catherine Meurisse paru en 2016 aux éditions Dargaud, la mise en page et le cadrage des planches de Coco participent à dévoiler le traumatisme et le lent processus de "guérison" qu'ont entamé ces deux rescapées. Chacune à leur manière, elles réussissent à nous faire partager leur douleur mais également la grande force de vie qui les habitent toutes les deux, " la résistance, la combativité" comme le dit Coco et le pouvoir cathartique du dessin.

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Aux amours, Roman

de Loïc Demey

par Martin B. - Librairie Le Neuf

Rarement livre m’a à ce point emmené partout, et nulle part, je veux dire à chaque page la sensation rare et délicieuse que tout peut arriver. Un homme attend une femme qui ne vient pas, et tout peut arriver.

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